11 juillet 2005

Regard d'un ancien, installé en Californie

Rodolphe Jourdan
 

Peux-tu te présenter ?

Rodolphe Jourdan, 36 ans. J’habite Denair en Californie, depuis 1 an (à 1h30 de San Francisco, en direction du Yosemite). J’ai passé 1 an sur mon voilier à parcourir l’Amérique Centrale (avec ma femmme) et avant j’ai habité 10 ans à San Diego. 

Tu as découvert le foot, en High School, explique nous ? 

C'était en 1986/87. En fait, j'ai joué une saison à Modesto (Californie), en High School. J'étais un " exchange student " pour 1 an. C'est là que j'ai découvert le foot. Les gens, chez qui j'habitais, m’ont dit qu'il fallait jouer au football pour mieux m'intégrer dans la High School. Alors, j'ai dit ok !

J'ai ciré le banc toute la saison sauf les trois derniers matchs où je suis devenu titulaire. Je jouais receveur. J'ai attrapé 4 passes, que des bombes, pour 3TDs. J'étais le plus petit de l'équipe mais aussi le plus rapide.

Tu débarques en France en 1988, c’est çà ?

Voilà. Je m’installe à Croissy-sur-Seine où on m’apprend qu’il existe une équipe. C’est mon début chez les Fighters, où j’ai joué 2 ans. Cela a été un peu le choc ! Quand tu débarques des States où tu as connu des entraînements rigoureux avec plusieurs coachs par positions et que tu te retrouves avec un seul coach qui doit s’occuper de tout,c’est dur dur !

Pourquoi avoir choisi de partir aux Spartacus ?

Je voulais aller dans un club de niveau plus élevé. J’étais devenu très ami avec le QB des Fighters, Chritophe Gurkovsky qui m’a dit : " viens, on part aux Spartacus ! ".

Mais ce n’était déjà plus le grand Spartacus d’autrefois. Bon nombre d’anciens joueurs stars, comme le fameux RB Totor, avaient quitté le navire. Le club avait du fusionner avec les Challengers pour constituer un effectif valable. Il faut dire qu’on se marrait plus l’on gagnait ! On était du niveau des flashs qui débutaient, mais on se faisait régulièrement taper par les Castors et les Argos.

C’était quoi ton stage à St Cloud State University, pendant 1 mois ?

C’est tout simple : c’était un stage d’un mois organisé par les Sphinx en partenariat avec une Université du Minnesota. On était parti à quatre, dont moi et Christophe. On s’est entraîné avec les freshmen de là-bas mais on n’avait pas le droit aux contacts, par crainte des blessures. Une bonne expérience !

J’ai même été sélectionné en équipe de France, à cette époque. Un mauvais souvenir car que je me suis fait virer par le DTN, un mec issu du rugby. Il m'avait ordonné, à moi et au RB des Anges Bleus, de tenir les poteaux de marquages au lieu d'être remplacants. Au moins aurais-je pu porter le maillot de l'equipe de France. Du coup, je l'ai insulté. Je me souviens, c’était à l’occasion d’un match à Frejus contre une sélection américaine.

Parle nous du niveau des équipes françaises de division 1, à cette époque ?

Pour être franc, il y avait les Castors et les Argos … et le reste. 

Aux Spartacus, on avait comme entraîneur un ancien joueur des Jets qui essayait de faire de son mieux, mais il faut reconnaitre que c’était du "bidouillage". Avec deux ou trois entraînements par semaine, on était loin du compte.

Chez les Castors et des Argos, tous les joueurs savaient jouer et avaient leurs places. Dans toutes les autres équipes, 50% connaissaient bien leurs rôles … les 50% restants faisaient de la figuration. Ils avaient peur de taper et n’étaient là que pour dire qu’ils jouaient au foot

Et physiquement, ça tapait fort ?

Même réponse que pour la question précédente. A part contre les Argos et les Castors, le reste ce n’était pas vraiment impressionnant.

Pourtant quand on écoute les anciens, ils nous prétendent le contraire ….

C’est faux ! 

Mais tout dépend par rapport à quoi ? Si c’est par rapport à maintenant, je peux pas me prononcer, vu que je ne suis plus en France.

Ensuite tu passes aux Argos, en 1992. Comment cela s’est fait ? 

C’était l’époque de la grande concurrence entre les Argos et les Castors. Ca bataillait dur pour s’accaparer les meilleurs joueurs de l’hexagone. Les Castors avaient plus de facilités pour mettre la main sur le vivier des joueurs parisiens. Mais les Argos on su mettre le paquet pour séduire des joueurs parisiens en devenir. C’est ainsi que je suis arrivé avec Olivier Ramalingom des Sphinx et trois autres joueurs.

Quels étaient les avantages que l’on vous offrait ?

On vous aidait à trouver un emploi et vous loger dans des studios, payés par le club. Moi, je travaillais à mi-temps pour la société du Président de l’époque, Bernard Bonnet.

C’était vraiment dur au niveau emploi du temps. La journée, on était au travail, le soir à l’entraînement. Difficile pour les copines et les femmes des joueurs !

Tout cela dans quel but ?

Faire du club une machine à gagner le titre. Fallait dire que l’on était proche du système d’entraînement universitaire américain, avec 5 jours par semaine. L’objectif primordial était de gagner le championnat face à nos rivaux Castors.

Comment expliques-tu le départ de Bernard Bonnet et la fin de l’époque glorieuse ?

Manque d’argent. Faut savoir que le budget du club atteignait le million de francs. Mais l’argent ne rentrait pas. Tout simplement !

Pourquoi as-tu arrêté ?

Ca a été une décision difficile. En fait, le boulot que je faisais, à Aix, ne me rapportait pas grand chose. Il fallait que j’aille travailler, pendant l’été, aux States. C’est là-bas que j’ai rencontré ma future femme. J’ai privilégié ma carrière professionnelle, en y restant.

Quelle analyse, tu fais du foot français, d’après ton expérience ?

A mon avis, il aurait fallu 20 Larry Legault, un pour chaque équipe.

Je ne vais pas me faire que des amis en disant cela, mais il y avait aussi une bonne moitié des joueurs dans chaque équipes (à part les Argos et les Castors) qui ne valaient pas grand chose sur le terrain. Non seulement, ils avaient peur de taper mais en plus parlaient trop.

L’autre chose que j’ai déploré, c’était le manque de moyens. J’ai vu des joueurs aux Spartacus qui ont du arrêter parce qu’ils ne pouvaient pas se payer un équipement. Même en 1990, les Spartacus n’avaient pas de terrain et les joueurs devaient payer les déplacements.

Il manquait aussi une politique de formation des jeunes, mais je crois que les choses ont changé dans ce domaine.

Voudrais-tu nous parler d’autres chose ?

Autre chose. Je veux saluer tout ceux avec qui j’ai joué, équipiers et adversaires. Je garde de très bon souvenirs de toute cette expérience. Salut spécial à Larry Legault !

Ah oui, si quelqu’un peut me donner des nouvelles de mon ancien pote, Chritophe Gurkovsky, ce serait super ! 


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