4 décembre 2005

Jérôme raconte son match à Frisco

En 1999, à l’occasion ma dernière année chez les TEMPLIERS (charges familiales obligent !), le coach américain Tim ADAMS et moi sommes devenus très pote.

Tim me disait toujours : "Viens chez moi, on ira voir un 49ers game…! »

Un jour, je me suis dis : "Allez, pourquoi pas !". J’ai donc pris l’avion direct «Frisco» en m’assurant préalablement que, durant mon séjour, il y aurait à un match ou plutôt, comme on dit chez nous, une affiche.

Tim, qui a coaché dans pas mal d’équipes en temps que coordinateur, a parmi ses amis, un ancien joueur qui est maintenant chargé de la sécurité des stades. Et pour l’avoir rencontré lors d’un match NBA à OAKLAND, nous voilà invités au MONDAY NIGHT FOOTBALL GAME.

Une affiche de rêve dans les 90’s : 49ers vs Packers. Et là, ça va vite dans ma tête : Brett FABRE qui rend sa monnaie à Steve YOUNG, Jerry RICE en train de taquiner Leroy BUTTLER, ... j’arrête ; je me fais du mal !


Bien entendu, en bons fans que nous sommes, Tim et moi avons passé le samedi entier devant la télé à mater 3 matchs de College Football. Et le dimanche, 3 matchs NFL plus tous les commentaires d’avant et d’après match : le pied… euh ! sauf pour la bière.

Vers 16 heures, ce lundi là, après avoir écouté sur ESPN les commentaires «abrasifs» de Sterling SHARPE (ancien WR star des Packers, frangin de Shannon) et une interview de Ken NORTON (OLB 49ers ex Cowboys passé en Californie), nous éteignons la télé et partons direction le stade.

Le 3COM Park (ex Candle-stick stadium, la téléphonie ça rapporte plus que les cierges. Comme sponsors bien sûr… !) était encore un stade mixte baseball/football. Je me rappelle de la tribune pivotante sur rail qui permettait d’ouvrir l’angle du terrain passant ainsi du rectangle foot au triangle baseball. 

Mais depuis les GIANTS de SF ont émigré vers un stade flambant neuf sur les docks, prés du centre ville : PACIFIC BELL Stadium (l’opérateur concurrent de 3COM ...).

Comme souvent aux US, le stade est en dehors de la ville et il faut 3 bons quarts d’heure de voiture pour distinguer enfin les contours de l’arène.

Et là, commence à s'opérer sur moi la magie du foot avec son ambiance si particulière. Premières images fortes : tout autour du stade, se sont des hectares et des hectares de parkings remplis de voitures. Venus en masse, toute la foule est là avec familles, bébés, amis, etc ... . Des caravanes VIP pour certains, des limousines pour d'autres (version transports en commun), toute la démesure US s'exprime. Cette foule, venu là, dés le matin, joue au ballon, aux cartes, fait cuire les burgers au barbecu, boit des bières ou du vin californien en attendant la dernière minute pour rentrer dans les tribunes.


Je mesure le gouffre qui nous sépare de nos cousins du nouveau monde. Chez nous, on ne consacre que quelques heures à aller voir un match, le plus important soit-il. En Amérique, l’avant et l’après match sont aussi importants que le jeu lui-même. On y consacre la demi-journée voire plutôt la journée, soirée comprise. Et ça, c’est encré dans la tradition familiale yankee. On comprend mieux pourquoi et comment un sport qui n'a qu'une heure de jeu effectif (mais qui, en fait, dure trois heures en moyenne) est aussi populaire.

On approche du stade et là, nouvelle surprise ! Au lieu de monter dans les tribunes, notre trajet passe sous le stade pour rejoindre la pelouse. Ça y est, je pénétre enfin dans une des plus belle arène du foot US, en plein warm up des 2 teams, qui plus est !


Imaginez : Brett FAVRE en train de faire causette avec MARIUCI (coach 49ers). A. FREEMAN, R. BROOKS, M. SHMURA en train de se chauffer à la passe. En face, donnant la réplique l’escouade WR de rêve, sir J. RICE, T. OWENS, JJ. STOKES. Coté RB, G.HEARST chauffant sa OL pour les courses, même topo pour Monsieur Dorsey LEVENS, chez les Packers. Et puis le RG OSTROWSKI, le DT très prometteur B.YOUNG et l’incontournable aboyeur K. NORTON. Il ne manquait que Reggie WHITE, retraité de GREEN BAY l’année précédente, pour compléter la brochette des super-bowlers et pro-bowlers.


Que faire dans ces moments là ? En fait, rien ! On ouvre grand ses yeux format 16/9eme et on prend tout ce qu’on peut capter, en espérant que le cerveau face office de disque dur pour graver l’inimaginable.


Les équipes retournent aux vestiaires tandis que le stade se remplit. Que 69.000 spectateurs, ce soir, parait-il. C'est dire !

Les équipes reviennent par le tunnel et le show commence. Fumée, pétard, fanfares, hymne national chanté par tout le stade et Huey Lewis and the News en guest stars, feu d’artifice et bien entendu les cheerleaders californiennes à réveiller les morts, bref la totale !

Mon pote me pousse: « tu as vu qui est à coté de toi ? ». C’était Steve YOUNG, rien que ça ! Au point où j’en étais ! Il était blessé à cette époque. Une blessure qui le poussera d'ailleurs vers sa retraite, en fin de saison. Hall of Famer class 2005, 6 fois meilleur passeur en saison, MVP du XXIX Superbowl, presque un héros !

A la différence de la France et même du College football, il y a là une bonne cinquantaine d’athlètes qui se pressent autour du coaching staff. On les sent surentraînés, totalement concentrés et même un peu crispés, pour certains. La "def" semble plus couarde que l’escouade offensive. La OL reste très discrète et converse surtout avec les RB et FB. J’ai été très surpris aussi du caractère «électrique» des LBs, véritables électrons libres de cette machine de guerre.

Le truc le plus impressionnant reste les gabarits. Hauteur, largeur, épaisseur, ... tout y est ! Les Tackles DT et OT sont vraiment d’une autre planète. Avec mes 1m84 et mes 104kg de l'époque, je ressemblais à Passe-Partout de Fort Boyard, vous voyez le tableau !

C’est Terrell OWENS (superbowler avec les Eagles, cette année) qui m’a le plus impressionné. Pour l'avoir vu de prés, son titre 2004 de sportif US le plus «powerfull » (devant S. O’NEAL) ne me paraît pas volé : c’est une bête !

J’ai donc pu assisté au duel depuis la side-line 49ers…. Glurp !?!

Une side line NFL, c’est l’usine. Ça court, ça crie, ça pleure, ça parle aux caméras. Les kickers/punters bottent dans la mini cage, les QBs s’échauffent, les coordinateurs recadrent les tactiques et haranguent leurs escouades, le coach négocie avec les arbitres, ect ... . Vous avez déjà vu une fourmilière ? Ben, c'est un peu ca ! Chacun son rôle dans une discipline de pro mais avec des gabarits énormes et le tout à la vitesse lumière.

Le public fait corps avec la partie et ovationne les joueurs individuellement, lors des actions (on se souvient de Texas Stadium criant d’une seule voix « Mooooose » dés la moindre course du FB D. JOHNSON). Mais il sait conspuer aussi quand il voit qu’un joueur «passe à travers» ou que la tactique choisie n’est pas assez payante, à son goût.


On constate pourtant une sorte de paradoxe entre cette ferveur bruyante et l’attitude quasi dilettante d’un public qui vit un moment de convivialité, en famille ou entre amis. Ça mange des frites ou des oignons rings (fort bons d’ailleurs…). J’ai même vu une femme donner un biberon à son bébé. Ça sent l’ail, la friture, le burger, les pop-corn. Ça va, ça vient. Les rangés se remplissent se vident et se re-remplissent. L'ambiance reste extrêmement bon enfant, peut-être aussi parcequ'on est pas en play-offs. Mais les policiers (présents dans les tribunes) n’hésitent pas à se montrer, s'il le faut. Finalement on se fait à l’idée que ça n’a rien de caricatural mais que c’est bien leur façon à eux de vivre le football.

Côté jeu, c'est franchement pas terrible ! Les Packers ont étouffé le match en passes courtes, screen et bien sûr avec les courses de LEVENS. Tout c’est joué en 1ère mi-temps. Les 49ers n’ont même pas réagi. Score final 03-20. Score à oublier, mais le reste JAMAIS !


A la fin du match, mon pote m’a dit : « Ça va ? Je t’ai parlé plusieurs fois ... tu ne m’as même pas entendu !». Je lui ai répondu « je te dirais ça dans un an ou plus ... d’abord il faut que je réalise !».

Aujourd’hui, je vais avoir 40 ans et je sais une chose : ça restera pour moi un événement marquant, parce que unique.

Quand j'y repense, je me demande si j'ai assisté à un match de football, à une version moderne des combats de gladiateurs, à un show à l'américaine, à une machine à pomper du dollar ? Certainement un peu de tout ça : mais quel pied !

Celui qui me demanderait si c'est à faire, je lui répondrais, sans hésitation : FONCE !

Article de Jérôme


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