Le plus grand comeback de l’histoire des playoffs NFL, en live !
Le jour où j’ai vu un des plus grands matchs de l’histoire de la NFL
Quelquefois la chance vous sourit et vous fait des cadeaux inattendus que vous chérissez tout le reste de votre vie, c’est ce qui m’est arrivé un beau jour de janvier 1993...
En ce dimanche 3 janvier
Je suis arrivé à Buffalo quelques jours auparavant. Entre deux semestres de cours, je viens passer quelques semaines chez des amis qui m’ont fait découvrir les Etats-Unis et le football, cinq étés plus tôt. Depuis cette époque, je suis devenu fan des Bills qui jouent dans le haut du tableau, depuis que je m’intéresse à eux.
Après deux Superbowls perdus, la bande à Jim Kelly vient justement de terminer en queue de poisson, une prometteuse saison régulière. En perdant lourdement à Houston, en 16ème semaine, les Bills ont perdu le titre de conférence; le “homefield advantage”. Et leur Quaterback, victime d’un sack assassin de Childress, est indisponible jusqu’à un hypothétique Superbowl. De plus, c’est à nouveau Houston qui se présente pour le match de Wild Card qui se joue ce dimanche 3 janvier.
La presse de Buffalo est on ne peut plus pessimiste. On parle de fin de règne ... de page qui se tourne ... d’une équipe à reconstruire. La plupart des buffaloniens ont fait une croix sur cette saison et pensent déjà à l’année prochaine. Dans cette ambiance plutôt glaciale, le seul heureux semble être moi ! En effet, alors que depuis 5 ans il est quasi impossible de trouver un billet pour voir les Bills, on ne se bouscule pas pour ce match ! Je n’arrive pas à croire que je vais pouvoir voir ma chère équipe, en playoffs qui plus est !
On entend les mouches volées !
Il fait froid et le “Hawk“ souffle légèrement sur Le Rich Stadium. Nous sommes tout de même plus de 75000 quand Christie donne le coup d’envoi. Warren Moon semble être dans un grand jour et la défense des Bills en vacances. Après deux énormes drives de 80 yards et de 14 et 12 plays, les Oilers mènent 14-3. On pourrait entendre une mouche voler, si les mouches pouvaient survivre à l' hiver de Buffalo.
Le deuxième quart n’est pas meilleur. Sans Cornelius Bennett, blessé lui aussi, la défense des Bills est orpheline. Frank Reich, qui remplace Kelly, n’arrive pas à mettre en route l’attaque new-yorkaise. Quand la mi-temps arrive enfin, Houston mène 28-3. Moon a lancé 4 TDs, complété 19 de ses 22 passes, les Oilers écrasent les Bills 284 yards à 79 !
Les tribunes se vident
Glacés, dégouttés, abattus, plusieurs dizaines de fans quittent le stade à la pause. Les autres sont comme congelés sur place, silencieux, la tête dans les nuages, se demandant comment les Bills vont échapper à une humiliation. On apprend en plus que Thurman Thomas, le coureur vedette de l’équipe, blessé à la hanche, ne finira pas le match.
Quatre jeux après la reprise, les têtes rentrent encore un peu plus dans les épaules. Bubba Mc Dowell retourne une interception sur 58 yards. On en est à 35-3 pour les Oilers. C’est par centaines que les fans commencent à quitter les tribunes.
Puis tout s'inverse !
Enfin une raison de se réveiller : Del Greco foire le kick off. Les Bills alignent enfin quelques bon jeux pour réduire le score sur une course de K Davis.Puis tout va très vite, comme dans un rêve ! Onside kick recouvert, quatre petits jeux, passe de 38 yards pour Don Beebe : TD. Trois jeux des Oilers pour rien. Punt complètement raté, une passe, une course et passe de 26 yards pour André Reed : TD. En 9 minutes de temps effectif, les Bills sont revenus à 35-24 !
La foule commence à gronder. Sur le terrain les Bills semblent subitement jouer à un autre sport. Chaque geste est juste, chaque jeu fait mouche. Les fans “déserteurs” font demi tour, une petite foule s’agglutine devant l’entrée du stade, ils essaient de revenir ! La sécurité les empêchent de rentrer. La foule de la tribune le plus proche les hue copieusement : “Traitres ! Rentrez chez vous ! Les vrais fans sont toujours dedans ”.
C'est l'hystérie générale !
Premier jeu après le kick off, Moon lance pour Henry Jones, notre safety ! Reich finit le boulot et lance son troisième touché. Le troisième quart n’est pas fini, le score est de 35-31. Le bruit devient assourdissant. C’est celui de 75000 paires de gants qui se frappent les unes les autres. Un bruit que je n’oublierai jamais. Comme le bruit du canon, ou plutôt celui d’un troupeau de bisons qui chargent. J’embrasse de parfaits inconnus.
Les Bills sont encore menés mais nous savons tous que nous ne pouvons pas perdre ce match maintenant. Houston semble enfin sortir de sa léthargie. Moon reprend des couleurs. Ils avancent jusqu’au 26 yards. Field Goal. Montgomery le holder rate le snap. Les Bills s’en sortent sans dommage ! Reich joue comme Montana et 74 yards plus tard Reed fait passer Buffalo devant. Il reste 3 minutes à jouer. Bills 38 Houston 35. J’ai l’impression que le stade va s’effondrer, c’est l’hystérie générale !
Warren Moon ne s’avoue pas vaincu. Il arrive à faire avancer son équipe de 63 yards et à arracher la prolongation sur field goal. De plus, les Oilers gagnent le toss. La tension est à son comble. Nous sommes tous dans un état second. 3ème down, Moon lance et c’est Nate Odomes, notre vieux corner, qui s’empare de la balle. Christie envoie tout le monde au paradis en passant le field goal de la victoire. Score final 41-38. Les larmes de joie coulent sur bien des visages ! Le plus grand comeback de l’histoire des playoffs NFL. Et pour mon premier match à Buffalo !
Je n’en crois pas mes yeux !
Frank Reich devient du jour au lendemain un héros pour toute la région. Lui qui était déjà aux commandes pour le plus grand comeback de l’histoire de la NCAA avec Maryland contre Miami en 1984.
La fin des Oiler
Quant aux Oilers, certains disent que ce fut le début de leur fin. Après ce match, l’équipe tombera dans la médiocrité pour plusieurs années et sans soutien populaire elle déménagera finalement, quelques années plus tard, pour Nashville.
Sur leur lancée les Bills iront gagner à Pittsburgh et à Miami pour atteindre une nouvelle fois le Superbowl.
Pour les fans des Bills, cette équipe de 93 est sans doute, parmi les quatres qui ont eu l’honneur d’aller en finale, celle qui les a fait le plus vibrer, en grande partie grâce à ce match. Même si c’est certainement celle qui était la plus faible sur le papier (d’ailleurs elle sera massacrée 52-17 par les Cowboys au Superbowl).
Cette victoire inouïe, presque personne ne l’a vu à Buffalo, le stade n’étant pas plein au coup d’envoi, il ne fut pas retransmis localement. C’est donc à l’écoute de leur radio que la plupart des fans ont vécu ce match historique. La plupart, mais pas les 75000 chanceux qui étaient comme moi à Rich Stadium ce 3 janvier 1993.
Olivier Rival - Section M Aisle 1 Row 37 Seat 10.
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