Elitefoot Mag a mené l’enquête auprès de tous les clubs de l’Elite : Qui décide ? Faut-il plutôt recruter un Américain ou un Canadien ? Qu’apporte un renfort étranger ? Toutes les réponses dans cette enquête exclusive.
Chaque club de football américain a recours au recrutement qu’il soit national ou international pour renforcer son équipe. L’idée communément admise est la suivante : aller chercher ailleurs des compétences ou qualités absentes en interne. L’apport de joueurs étrangers peut également se traduire sur le plan tactique et pédagogique.
D’après l’enquête Elitefoot sur l’inventaire des joueurs étrangers en Elite, ils sont 229 joueurs (au 01/12/2005) à avoir ainsi renforcé les équipes de l’Elite de 1985 à 2005.
Préalable à tout recrutement : une bonne définition des besoins
Les besoins peuvent être facilement formulés lorsque les responsables de clubs analysent les résultats de la saison passée. A ce titre, les Cougars de Saint-Ouen-l’Aumône ont clairement su qu’ils leur fallait recruter un QB pour la saison 2006 après les graves blessures de Nicolas Barreau et Mickaël Donati, en 2005. Pour la majorité des équipes, c’est le budget du club qui définit les besoins.Les Flash de La Courneuve comme les Templiers d’Elancourt évaluent leur effectif français avant de faire appel à des “ mercenaires ”. Les Flash travaillent dans la continuité et généralement reconduisent les joueurs étrangers qui ont fait leur preuve. Les Spartiates d’Amiens, les Molosses d’Asnières et les Argonautes d’Aix-en-Provence insistent sur l’aspect pédagogique d’un renfort : par exemple le QB étranger peut coacher l’équipe junior dans le but de former une relève française, les Molosses souhaitent trouver des joueurs disposant d’une expérience de coaching ... leur investissement dépassant le cadre des matchs.
Enfin chez les Black-Panthers de Thonon-les-Bains, le recrutement se focalise sur des positions centrales (QB, RB, LB) afin de tirer un rendement maximum de l’effectif.
Qui décide le recrutement au sein des clubs ?
Dans 63 % des cas, la décision de recruter est collégiale : incluant le Head Coach, Président du club, Trésorier, Manager Général, capitaines d’équipes, etc. Pour le reste, les décideurs peuvent être soit le Head Coach (25 %), soit le Manager Général (12 %).
Chez les Spartiates, les recrutements nationaux sont laissés à l’appréciation du Directeur sportif mais les recrutements internationaux sont décidés de façon commune.
Méthodes de recrutement pour les profils étrangers
Comment les clubs parviennent-ils à tirer leur épingle du jeu sachant que le réservoir de joueurs est nord-américain et qu’ils ne sont pas à l’abri d’escrocs qui maquillent leur expérience ? L’actualité récente nous l’a encore prouvé avec le renvoi de l’Head Coach américain des Cougars pour incompétence.Les 2 principales méthodes plébiscitées sont le réseau des clubs et le recours aux sites Internet (62 % des cas). Les réseaux sont constitués d’anciens joueurs revenus dans leur pays d’origine qui recommandent des prospects pour leur ancien club ou bien des coachs qui font venir des joueurs avec qui ils ont joué ou bien qu’ils ont déjà dirigé. C’est le cas aux Templiers.
L’autre méthode est l’utilisation de sites Internet spécialisés, citons www.europlayers.com (site gratuit) et www.combines.com (site payant) où l’on met en relation joueur et club. Le site www.combines a une démarche intéressante dans la mesure où les joueurs sont évalués force, vitesse, agilité) les uns par rapport aux autres sur des clinics. Idéal pour se faire une opinion à distance du joueur recherché.
Citons enfin les candidatures spontanées (10 % des cas) qui parviennent chez les Molosses, les Black Panthers et les Mousquetaires du Plessis-Robinson grâce à leur site Internet. Le recours a des agents spécialisés (10 % des cas) qui possède un portefeuille de joueurs est également un autre moyen de recrutement.
Le duel : joueur américain contre joueur canadien
Choix cornélien du Football US en France : notre cœur balancerait-il pour nos “ cousins ” de l’autre côté de l’Atlantique ou bien par les inventeurs de ce sport ?
L’enquête Elitefoot apporte un éclairage sur le plan statistique : 93 % des joueurs étrangers étaient nord-américains. Les Américains sont légions avec 67 % des 229 joueurs recensés à ce jour.
Que nous disent les clubs ?
Tous les clubs plébiscitent le joueur canadien comme facile à intégrer (un style de vie assez européen, pas de problème avec la langue), généreux, bon esprit et prompts à s’impliquer dans la vie du club. S’il décide de rester une année supplémentaire : il peut faire du coaching.
Leur principale faiblesse : un niveau de jeu inférieur par rapport à celui des EU, ce qui conduit à des joueurs moyens, sauf exceptions.
Le joueur américain est perçu comme une valeur sûre (surtout pour une saison), il a grandi en pratiquant le Football US jeune, le niveau de jeu pratiqué est élevé.
Les risques : difficulté d’adaptation (langue, mode de vie, relativement “assisté” lors de son cursus universitaire), le voir partir avant la fin de la saison car trop déçu du niveau de jeu européen.
Le souhait des clubs : trouver un joueur américain, ouvert d’esprit et qui parlerait un peu français. A noter que certains clubs comme les Flash recrutent traditionnellement des joueurs américains.
Les Blacks Panthers nous rappelle que chacun exploite ses propres pistes et au-delà de la nationalité ce sont des individus qui sont recrutés.
A peu prés 70 % des recrues étrangères sont américaines et 30 % canadiennes
L’évaluation des futures recrues étrangères
Vous pensez avoir déniché l’oiseau rare, néanmoins une petite enquête s’impose afin de confirmer les qualités du joueur qui rejoindra votre effectif.Comment faire ?
Dans 64 % des cas, les meilleures garanties sont la recherche d’information sur le joueur sur Internet et l’analyse de vidéos. Internet agit comme un véritable point de contrôle pour garantir l’authenticité des références sportives. La vidéo permet d’analyser le style de jeu du joueur et son influence dans un match.
Pour les Molosses, la meilleure garantie est la recommandation. C’est pourquoi de nombreux joueurs en provenance de Willamette (NCAA Div III) et Boise State (NCAA Div I-AA) ont joué dans ce club. Rappelons qu’à partir de 1998, Robert Tucker (QB, US) a mis en place une filière “ Willamette ” (1 joueur en 1998, 3 en 1999, puis 1 en 2001 et 2002). Récemment il est devenu coordinateur recrutement à Boise State et fournit les Molosses en joueurs de cette université (2 joueurs en 2005).
Dans la même optique : les Argonautes via leur head coach Darren Holmes ex-joueur de Kansas State (NCAA Div I-A) a mis en place la filière KSU depuis son arrivée ... citons : Mitch Running (WR) en 2004 et Tige Stone (coordinateur offensif) en 2006.
Trois clubs (Flash, Argonautes et Spartiates) optent pour une démarche intéressante : l’essai. Cette pratique permet de tester l’intégration du joueur dans l’effectif, sa motivation et sa condition physique (particulièrement les blessures dissimulées).
A noter que parmi les 65 % de joueurs passés par la NCAA : 34 % proviennent de la Div I-A, 35 % de la Div I-AA, 12 % de la Div II et 19 % de la Div III.
Apport d’une recrue étrangère C’est finalement l’objectif d’un recrutement. Quels sont les retours attendus des clubs ?
Dans 46 % des réponses, les clubs attendent un apport au niveau de l’implication dans la vie du club : encadrement des sections jeunes pour faire progresser leur niveau de jeu, apport technique à l’entraînement (comme assistant coach ou coach de position), une intégration réussie au sein du club.
Puis les clubs attendent des performances sur le terrain (playoffs, titre) et du professionnalisme. Les performances n’étant pas forcément statistiques.
Enfin dans 23 % des cas, l’apport est aussi sur la culture du jeu particulièrement au niveau des Playbook.
Le recrutement des joueurs français
Selon les règlements de la FFFA, il est interdit de démarcher un joueur qui est déjà dans un autre club. Il faut donc que ce dernier contacte de lui-même le club. Une mobilité professionnelle peut accélérer ce type de démarche (c’est le cas des Spartiates).
Chez les Flash, les transferts sont rares car le vivier de joueurs est important (équipe junior + Flash B). Chez les Templiers, pas de transfert place à la formation. Les Cougars proposent aux joueurs d’adhérer au projet sportif du club en y occupant une place importante. Les Argonautes prennent des contacts lors de grandes manifestations, rencontrent les futures recrues et définissent les attentes communes puis les testent afin de valider le recrutement.
Le site Internet des clubs peut être également un moyen de toucher des joueurs, c’est le cas des Mousquetaires.
Dans tous les cas, le processus de recrutement est moins formalisé.
La règle des 5
En France, le nombre de transferts entre clubs est limité à 5 joueurs, dont un maximum de 2 en provenance du même club.
88 % des clubs interrogés sont pour le respect de cette limite. Sans cette règle, certains clubs prestigieux pourraient piller les petits clubs et ne pas développer la formation. La plupart des clubs de l’Elite disposent d’équipes Cadets et Juniors afin d’assurer une relève.
Toutefois, il est bon de rappeler qu’un club qui reçoit un transfert doit payer une indemnité au club formateur. Dans cette optique, les Spartiates ne voient pas pourquoi les transferts doivent être limités. En se renforçant efficacement, les équipes françaises seraient en mesure de rivaliser avec certains clubs européens (Italie, Allemagne et Autriche).
A noter que certains clubs grincent des dents car le recrutement des clubs de l’Elite française est clos depuis le 15 octobre dernier pour une saison débutant mi-février !
Cerise sur le gâteau : voici les quelques anecdotes que certains clubs ont bien voulu nous dévoiler concernant des recrutements devenus “ exotiques ”
Xavier Mas des Cougars nous a raconté avoir recruté en 2002 un joueur américain très physique (NDLR : DL Dewey Ames) sorti de Brown University (NCAA Div I-AA) qui ne communiquait pas beaucoup avec les autres personnes du club. Une personnalité un peu odorante : négligeance corporelle, peu de changement vestimentaire. Arrive le premier match où il se blesse au genou dès la première mi-temps. Résultat : les Cougars ont dépensé beaucoup d’argent en frais d’hospitalisation et rééducation pour un joueur qui n’a pas joué pour eux.
Les Spartiates nous ont confié une autre anecdote un peu malheureuse : un joueur étranger, ami d’un joueur qui est reparti chez lui après son premier entraînement car il ne supportait pas la ville et était déçu du niveau de jeu français. Par contre il n’a pas oublié d’envoyé au club sa facture d’avion.
Georges Agostinho des Templiers a deux autres histoires : celle d’un joueur pro de CFL qui trouvait qu’ils jouaient au ralenti donc il ne faisait qu’une action par match ! Et une autre sur un joueur qui est arrivé cassé de partout et qui n’a pu jouer qu’un match et demi dans la saison.
Les Argonautes pour leur part ont misé financièrement sur un joueur surévalué qui les a rendus fous pendant toute une saison par sa mollesse, son manque de motivation et d’expression.
Enfin les Mousquetaires nous ont confié quelques exigences exorbitantes de joueurs américains dignes de la NFLE : un bel appartement dans Paris, un téléphone portable avec abonnement, une voiture et beaucoup d’argent de poche.
Les salaires des joueurs étrangers en Europe : la fin de l’Eldorado
ElitefootMag se livre à une étude inédite sur les salaires offerts aux joueurs étrangers dans les principaux championnats européens de D1.
L’étude
Trois championnats significatifs en Europe (hors France) ont été retenus : les championnats allemand, italien et autrichien. Au sein de chaque championnat, nous avons pris un échantillon représentant plus de la moitié des équipes engagées. Les données sont exprimées en Euros et hors bonus.
Etant donné que ces informations restent difficiles d’accès, elles sont à prendre avec précaution par le lecteur.
A cette somme d’argent, des bonus (150 €) peuvent être prévus en cas de victoires, qualification aux playoffs ou titre national. Mis bout à bout, on n’est loin des salaires exorbitants pratiqués en Italie à la fin des années 80 ; toutefois plusieurs « pointures » américaines (par exemple : le QB Kevin Feretik et le RB Dewhitt Betterson à Bergame) viennent y jouer pour profiter de cette Dolce Vita et faire du tourisme puisque tout le reste est payé !
Comme le dit Marcello Rodi, General Manager des Roma Gladiatori son club propose quelque chose de difficile à trouver ailleurs : vivre à Rome pendant 4 mois tous frais payés.
Le championnat allemand : un bon compromis entre sportif et financier
Deuxième championnat le plus généreux avec 622 €/mois, la GFL a le mérite d’avoir une couverture médiatique plus importante qu’en Italie et un niveau sportif plus élevé. C’est d’ailleurs en Allemagne qu’on trouve le club qui paie le mieux ses étrangers : il s’agit des Lions de Braunschweig avec 977 € mensuels.Les avantages sont là aussi variés puisque certains clubs proposent voiture de location (gentiment prêtée par un sponsor local), entrées gratuites dans des salles de fitness voire aide pour décrocher un emploi.
Les nouvelles recrues sont donc entièrement prises en charge et chouchoutées par ces clubs. On comprend mieux pourquoi de nombreux joueurs étrangers resignent en Allemagne.
Avec 461 € par mois, l’AFBÔ se situe derrière les deux championnats mentionnés précédemment. C’est le championnat européen qui monte : une couverture médiatique sur les chaîne TV ORF1 et OSP, de très bons résultats en Coupes d’Europe (deux équipes autrichiennes sont qualifiées pour les finales de l’Eurobowl et de l’EFAF Cup), un public connaisseur.
Les bonus accolés aux salaires sont systématiques et fonction des résultats atteints (playoffs, participation à l’Austrian Bowl). L’accueil chaleureux des autrichiens permet de faire une transition facile entre des joueurs sortis du circuit universitaire américain ou canadien et les exigences du jeu européen. Le recrutement de nombreux techniciens outre-atlantiques permet de ne pas trop dépayser les renforts étrangers (citons par exemple le club des Dodge Vikings de Vienne qui emploie 5 coachs canadiens et américains).
Par Florian Thiery - Juillet 2006
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