5 juin 2006

Le french flair dans le football américain

Marcher sur l’adversaire pour constater les dégâts

Le début du football US, en France, a commencé sur la maxime «ils le font, on peut le faire » et les clubs se sont lancés dans l’idée de copier le cahier de jeu des matchs professionnels américains, diffusés à la télé. Problème, il fallait les joueurs pour exécuter de tels jeux. Devant le manque de succès de ces stratégies, la plupart des clubs se replièrent sur le jeu au sol. Pour pallier au manque de technique et l’inefficacité des QB, ils se replièrent sur un jeu physique et terrestre sans fioritures, plus facilement assimilable par les joueurs.

Première conséquence, les défenses sont devenues lourdes et puissantes pour contrer des coureurs omniprésents. Les backfields antiaériens étaient rarement pris en défaut par des receveurs dont l’importance stratégique et athlétique était de plus en plus négligée.

Le principe de base était de marcher sur l’adversaire pour constater ensuite les dégâts. La génération Anges Bleus en est la parfaite illustration. Ils possédaient sans doute le plus impressionnant potentiel de leur génération. Et que dire des Castors lors de la finale 87 ! Ils atomisèrent les Jets 75-00 grâce à leur formation à 3 coureurs, quand ce n’était pas le QB qui engrangeait les Yards.

L’arrivée du système «double QB»

Le jeu de passe est quasi inexistant et n’est utilisé que pour se sortir de situations difficiles. Les bras français sont insuffisants pour constituer une menace constante. Il n’y a pas encore de «lecture» de la défense, les jeux de passes sont d’avantage appelés au «feeling» que selon un véritable plan de match. Et puis, pourquoi prendre des risques lorsque des coureurs assurent correctement la progression ?

Au fil du temps, les équipes vont s’attacher les services d’un encadrement bien plus performant. Du coup le jeu va se diversifier en élargissant les courses vers l’extérieur, en multipliant les passes courtes et en déplaçant les joueurs de ligne. La fameuse interdiction des QB américains va être contournée par l’utilisation du système «double QB» (le QB français transmet au coureur yankee qui se charge de passer). Le jeu va s’accélérer et les coureurs apprendre à mieux se démarquer. Malgré cela, la passe fait encore peur et reste considérée comme trop risquée. 

La faiblesse du backfield défensif mise à jour

Un événement va pourtant faire changer les mentalités. A l’Eurobowl 89, les Anges Bleus se font étriller 37-00 par les Red Barons de Cologne. Le QB américain des allemands complète 80% de ses passes en position «shotgun». Les Anges, dont le QB américain n’est pourtant pas «manchot», ne vont jamais pouvoir développer leur jeu. Car le calibre de leur ligne offensive est insuffisant face à la pression allemande. 

Autre fait marquant, lors de la finale 1990. Les Castors, en recherche d’inspiration, vont tenter la stratégie de la longue passe et réussir à surprendre plusieurs fois leur adversaire, même s’ils ne remportent pas la victoire. La faiblesse du backfield défensif est mise à jour.

Saison 91, La Courneuve se loue les services du bras magique de Lee Pongraphon, un américain mais qui a aussi la nationalité thaïlandaise, ce qui change tout ! Et les résultats ne se font pas attendre. Les Castors puis les Sphinx suivent en se louant les services de Tony Jones, un anglais.

Dés lors, pour améliorer la vitrine de la poule Elite et ainsi attirer un peu plus de spectateurs, les instances fédérales autorisent les QB américains, réclamés par certaines équipes soucieuses de s’aligner sur les autres pays européens. Le monde aérien va prendre définitivement de la hauteur.

La poule aux œufs d’or

Cette liberté accordée aux clubs va permettre de voir débarquer en France non pas un joueur par équipe mais des duos RB/lineman et le plus souvent un trio QB/receveur/LB. Car les mains françaises sont jugées encore insuffisantes.

Paradoxalement, le jeu français va être confronté à un énorme problème. D’un côté, le niveau de jeu ne va pas cesser de gagner en rapidité d’exécution, au grand bonheur des spectateurs. Mais d’un autre, va accroître le monopole des américains au détriment de l’épanouissement des nationaux.

Et ce qui fut, au début, une poule aux œufs d’or pour le niveau du jeu va vite s’inverser par manque de résultat et trop de prévisibilité.

Malcolm Glover en est l’exemple type. Avec lui, les flashs ont sans doute possédé un des meilleurs bras ayant évolué en France. Il officiait avec Rudy Elliott qui du point de vue receveur, n’avait personne à envier. Seulement voilà : les deux compères constituaient 90% du jeu de passe de La Courneuve et prés de 70% de l’attaque totale. Alors toutes les défenses se sont ajustées et les résultats ont oscillé.

Et puis, il y a eu l’exemple de ces équipes qui ont fait venir à prix d’or des joueurs américains dont l’intégration dans l’équipe a fait naître des dissensions qui ont nui aux performances.

Des formations plus spectaculaires

Les choses ont considérablement évolué depuis, même si la problématique reste la même quant à la place à accorder aux étrangers dans le jeu à la française.

Il est certain que les receveurs français ont accru leurs capacités, permettant de mettre en place des formations plus spectaculaires, type «ace». Il est certain aussi que l’apport de recrues étrangères est bénéfique tant du point de vue performances que du point de vu partage des connaissances.

A ce titre, la réussite offensive des Spartiates lors de la saison 2004 nous apporte une réponse, en démontrant que le sort d’une équipe n’est pas de reposer sur les épaules d’un seul étranger (voire sur celles de 3) mais sur le rehaussement général du niveau.

Article de Florian M.



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