11 juin 2010

Joe Namath : les années beatnik de la NFL



Vous me croirez si je vous dis qu'il existait une époque où les quarterbacks pouvaient être des prodiges sur le terrain et passer leurs nuits à écumer les nights clubs de Manhattan, en compagnie de superbes créatures féminines, chaque fois différentes.

Vous me croirez si je vous dis qu'il existait une époque où les quaterbacks préparaient leur Superbowl, en soignant leur bronzage, allongés sur un transat les doigts de pieds en éventail, dans un club privé au bord de la piscine.

Eh bien oui, elle a existait ; c'était l'époque du power flower, de l'homme qui marchait sur la lune pendant que d'autres rêvaient d'un monde plus fraternel, les cheveux au vent. Mais c'était surtout l'époque de Joe Namath, le plus talentueux des quaterback de la fin des sixties.

Joe Namath, c'est un peu un condensé de son époque, une sorte "d'Austin Power" aux allures d'un Ringo Starr doublé d'un Julio Eglesias.

Ce Latin Lover, née en 1943, avait commencé sa carrière de footballeur au lycée. Il persévère et se retrouve à la fac d'Alabama. C'est là que son destin va se jouer lorsqu'il croise un certain Knoxx, scout des Jets. Ce dernier a du flair et n'hésite pas à sortir le chéquier. Ce sera 427 000 dollars pour trois saisons. Somme dérisoire maintenant mais qui à l'époque constituait un véritable pactole. Et l'investissement va vite se révéler rentable. Élu rookie of the year en 1965, il fait tomber son premier record de 4007 yard à la passe, en 1967.

Arrive ce mois de janvier 1969, où Namath va entrer dans l'histoire en menant son équipe à la conquête du III ième Superbowl. Vous allez me dire : "il n'y a rien d'historique à gagner un Superbowl !". Certes, mais la façon dont il a fait preuve d'aplomb et de certitude durant la semaine qui a précédé l'événement, restera gravé dans les mémoires.

De l'avis de beaucoup, c'était un des Superbowls les plus déséquilibré de tout les temps.

D'un côté les Baltimore Colts (futurs Colts de Cincinnati), super favoris et champions de la puissante NFL et de l'autre les Jets, une piètre équipe de l'ingrate AFC. Rappelons que la réunification des deux ligues venait juste d'avoir lieu, trois ans plus tôt. A l'époque, les mauvaises langues prétendaient que l'AFC était une ligue de seconde zone, sans envergure. Inutile de vous dire que les bookmakers ne misaient pas un centime sur les Jets.

Voilà que se pointe Joe Namath, jusqu'à là assez discret, pour annoncer la défaite certaine des Colts. La scène se passe lors d'un meeting de presse devant un parterre de journalistes médusés. "Ce Superbowl, on va le gagner. JE VOUS LE GARANTIS !".

A la question : "Que pensez-vous du QB adverse (Earl Morall) ?", Natmath répond avec un toupet inoui : "En AFL, j'en connais au moins quatre qui lui sont supérieurs, dont moi !".

Trois jours plus tard, il met en application ses paroles en défaisant les Colts de façon magistrale : 16 à 7. Ces derniers ne réussissant à sauver l'honneur qu'au dernier moment du match. Pour ceux qui n'auraient pas encore compris, Namath fait le tour du stade le doigt levé au ciel : avis aux sceptiques !

Ainsi naquit la légende, racontée encore aujourd'hui par les coachs américains. Celle de l'équipe donnée hyper favorite qui se fait croquer par le Petit Poucet. Sorte de David contre Goliat, version foot us. Ce sera aussi le seul titre des Jets et la fin de la discrimination contre l'AFL. 

Revenons à Namath, plus exactement Joe Willie Namath, 26 ans, 1m88, 93 kg.

Il est alors une véritable star. Non seulement il fait la une des magazines sportifs mais en plus on le voit partout dans la presse "people". C'est qu'il est le "play-boy" du moment. Chambreur de première, doué d'un sens de la repartie, il se montre volontiers anticonformiste et libertaire. Et cela plait ! Surtout à la gente féminine qui se précipite dans ses bras quand ce n'est pas dans son lit.

C'est le tombeur du sport professionnel ! L'histoire se souviendra de son idylle avec l'actrice Raquel Welsh mais aussi de ses nombreuses conquêtes dans tous les nights clubs de Manatthan.

Il ira jusqu'à entamer une double vie en devenant copropriétaire d'un bar en vogue qui s'appelait le "Bachelor III", ça ne s'invente pas. Dans la presse, il prend le surnom de "Broadway Joe".

Véritable sex-symbol, il n'en reste pas moins un excellent joueur sur le terrain. Après sa victoire en Superbowl, sa côte a doublé et son salaire aussi. Il est le chouchou des foules.

En fait, Namath n'est pas une fondu de l'entraînement et encore moins un athlète narcissique qui passe des heures à la salle de gym. Il fait parti de cette catégorie de joueurs qui arrivent à gonfler leur ego en refusant d'accepter le doute. Une sorte d'auto suggestion, en somme : "Je n'ai jamais douté un instant que j'étais le meilleur". Point barre !

Et ça marche ! Du moins cela va marcher pendant les 5 années qui vont suivre son légendaire Superbowl. Après ce sera une autre paire de manches. En effet, pour être le meilleur, il faut savoir préserver son physique dans la durée, ce qu'il ne va pas faire. Du coup, les blessures s'enchaînent. Et même s'il arrive à faire des retours fracassants, son corps souffre. Un grosse fêlure au poignet et cinq opérations aux genoux vont finir par le mettre sur les rotules ... c'est le cas de le dire !

Il finira sa carrière de joueur dans la modeste équipe des Los Angeles Rams (futur Rams de Saint Louis), en 1978.

Quoique le mot "finir" ne veut pas dire grand chose pour un personnage aussi surprenant.

Tout au long de sa carrière, Namath n'aura jamais cessé d'être un anticonformiste. Même quand il était joueur, il se refusait à se laisser enfermer dans une image de sportif discipliné et aux ordres. Il était à des années lumières de l'image d'un QB à la coupe en brosse réglementaire de Marine, qu'exhibaient certains de ses condisciples. Lui, c'était les bouclettes brunes qui dépassaient sur la nuque. Très attaché à certains détails de son look, il portait toujours des chaussures "taille basse" de couleur blanche.

C'est qu'il avait la classe, le père Namath ! C'était d'ailleurs un peu sa marque de fabrique.

Il sera un des premiers à avoir su entretenir une image extra-sportive et la vendre au prix fort. Ses avocats d'affaire s'en frottent encore les mains.

Il cumule les spots publicitaires, n'hésitant pas à exhiber son torse nu pour des fabricants de cosmétique. Il signera un contrat de 250 000 dollars par an avec Fabergé pour dix années. Énorme !

Mais il ne s'arrête pas là et prend des cours d'art dramatique pour tourner des films à Hollywood. Malheureusement, on ne lui offre que des séries B. Pas grave, l'homme ne s'en démord pas.

Jamais en reste, il s'essaye au commentaire sportif et signe avec ABC pour le "Monday Nights Game". 850 000 dollars à la clé. 

Gros échec ! Il n'arrive pas à rendre la même intensité que quand il était sur le terrain. Pire, il montre de grosses lacunes. 

Le public vient de se rendre compte d'une chose. Namath n'est pas et n'a peut-être jamais été un génie du foot us. Tout juste un phénomène, un surdoué de circonstance, virtuose dans l'art de la décision et de l'instinct tant qu'il est sur les feux de la rampe. Un peu à l'image de sa vie.

A la retraite, il avouera : "en vérité, je n'ai jamais disputé un down avec les deux genoux en bon état depuis l'adolescence". 

L'important était donc de vivre son époque à 200 % et profiter un max des opportunités qui lui étaient offertes. Et il a su le faire parfaitement.

Joe Namath rentre au Hall of fame en 1985. Il finit sa retraite dorée, en floride où il s'est marié avec Debbie et est père de famille.Malgré l'âge, son hémiplégie et les vieilles blessures, il continue à soigner son image de macho séducteur. Égal à lui même !



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