6 août 2011

On vous raconte Vince Lombardi

Vince Lombardi était un curieux mélange de contradictions. Son tempérament volcanique faisait peur. Mais après l’orage…il savait dire le mot juste pour encourager… Le bon mot, au bon moment. On l’a souvent comparé à un dictateur sans pitié. Et il en avait parfois l’allure, mais il savait être quelqu’un de chaleureux et de charmant. Il apparaissait souvent comme quelqu’un d’insensible, un homme au cœur de pierre. Pourtant, combien de fois l’a-t-on vu pleurer dans les vestiaires en compagnie de ses joueurs…

C’était un homme profondément religieux. Très pratiquant, il allait à l’église tous les jours. Il savait aussi mettre de l’ambiance dans une soirée un verre de scotch à la main. « Vince Lombardi était une personne très spéciale … » surenchérit l’ex-QB des Redskins, Sonny Jurgenson.

Né le 11 juin 1913 à Brooklyn, aîné d’une famille de cinq enfants, l’enfance de Vince gravite autour de la famille, du sport, de l’école et de l’église. Son père, Harry, immigré italien, est un homme sévère qui possède un tempérament explosif dont hérite, bien sûr, son fils aîné.

A l’âge de 15 ans, Vince souhaite devenir prêtre. Après trois années d’études au séminaire de Cathedral, petite ville de la banlieue de New York, il réalise que ce n’est ni son truc, ni sa vocation.

Il termine ses études à St-Francis high school, où il laissera son empreinte en tant que capitaine de l’équipe de foot. Ses performances sur le terrain lui assurent une bourse d’étude à l’université de Fordham, célèbre institution jésuite de New York. Avec son mètre soixante seize et ses 82 kg, il évolue au sein de la plus célèbre ligne d’attaque de l’histoire du football universitaire : « les sept blocs de granit ». 

Il continue son parcours comme prof de gym (et entraîneur) à St-Cecilia High school, dans le New Jersey. Il y restera 9 ans et fera des joueurs de l’équipe locale, de véritables champions.

En 1949, après deux saisons comme assistant-coach à son ancienne université, il devient le second du colonel Earl Blaik à l’université militaire de West Point. Au cours de ses cinq saisons à West Point, Lombardi va s’inspirer de la rigueur et la discipline militaire pour développer son propre coaching.

En 1954, Lombardi devient entraîneur en NFL. Il est assistant-coach aux New York Giants. Mais à cette époque, le football pro n’est encore qu’un sport de deuxième ordre. 

En 1959, la chance bascule et on lui propose le poste de Head-Coach chez les Green Bay Packers.

Quand Vince débarque à Green Bay en 1959, l’équipe n’a pas connu une saison gagnante depuis 1947. Neuf ans plus tard, lorsqu’il la quittera, il laissera derrière lui un legs de succès encore inédits dans la NFL. Ses Packers ont gagné plus de 75 % de leurs matchs, cinq titres de champions (les 3 titres NFC avant l'unification et les 2 premiers Super Bowl).

Dés son arrivée aux Packers, Lombardi affiche la couleur : «Gagner ne deviendra plus un truc occasionnel, ici…».

Ecoutez cet extrait du premier discours qu’il fait aux Packers, une équipe qui, la saison précédente, avait terminé avec une fiche de 1 victoire contre 10 défaites. «Messieurs…Ensemble, nous allons gagner des matchs. .. Je n’ai jamais été un coach perdant, et ce n’est certainement pas vous qui allez me faire perdre …».

Si Vince digère mal les défaites, c’est dans ces moments-là qu’il est souvent le plus tendre. Un joueur se souvient : «Une fois, après une défaite, nous étions tous à l’aéroport. Les joueurs n’avaient pas le moral. Tout à coup, Coach Lombardi se lève et nous dit : Venez les gars, c’est ma tournée. Et du coup, toute l’équipe s’est retrouvée au bar ! !». Lombardi avait aussi de l’intuition.

«Je me souviens d’un entraînement où il m’a traité de grosse vache et dit que j’étais le pire garde offensif qu’il connaissait» raconte Jerry Kramer, aujourd’hui membre du Hall of Fame. «Je me sentais brimé. Puis soudain, Lombardi s’est rapproché de moi, a posé sa main sur mon épaule et m’a dit : Fils, un jour tu seras le meilleur». Une forme de délicatesse à sa manière.

Par contre, Lombardi détestait les excuses et encore moins les pleureuses. «J’ai laissé échappé la passe car j’avais le soleil dans les yeux» ose s’excuser un jour un receveur. «Monsieur, vous n’êtes pas payé pour regarder le soleil. Vous êtes payé pour attraper les ballons». C’était ca aussi, coach Lombardi !

On le décrit comme un grand orateur… mais aussi comme un excellent acteur au discours bien étudié.

Sa plus célèbre maxime : « Winning isn’t everything ; it’s ONLY thing » qu’on peut traduire par « Gagner n’est pas tout, c’est LA seule et unique chose… »

Pourtant, il se mettait beaucoup plus en colère à la suite d’une victoire sans panache qu’après une défaite où ses joueurs s’étaient défoncés. 

Vince Lombardi puise son inspiration dans les écrits des philosophes grecs. En 1968, conscients de son charisme et de son impact médiatique, les principaux partis politiques (Républicains et Démocrates) américains ont même essayé, sans succès, de séduire l’entraîneur en lui proposant un ticket pour la Vice-présidence des Etats-Unis. 

Fin 1968, Lombardi prend sa retraite du coaching, épuisé par la pression qu’il s’impose. Il essaye de s’éloigner du terrain. Mais le coup d’adrénaline dominical lui manque tellement, qu’il préfère quitter Green Bay, pour un nouveau challenge avec les RedSkins.

Encore une fois, Lombardi récupère une équipe qui ne sait pas gagner. Pour leur seule saison sous la houlette du légendaire Vince, les Redskins terminent avec une fiche de 7 victoires, 2 nuls et 5 défaites.

Deux ans plus tard, à l’âge de 57 ans, il s’éteint, ravagé par un cancer du colon, détecté trois mois seulement avant sa mort.

Le rayonnement de Vince Lombardi dépasse largement l’univers du Football. Nombre de businessmen voient en lui un grand leader. Ils se servent régulièrement d’extrait de ses discours pour motiver leur personnel. Des discours simples et débordant de clichés, mais qui se révèlent si justes, si fascinants.

Article de Marc F.


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