20 janvier 2013

Jean-Luc Donivar président du club de Nice

Jean-Luc Donivar, lors de la finale régionale Méditérannée

On attribue souvent au requin, le fait d’avoir les dents longues. En observant le parcours du club niçois, depuis 5 ans, on se demande si le dauphin n’en a pas de plus longues. D’ailleurs, l’incontournable Président du club, n’hésite pas à rappeler : « Le dauphin est un animal gentil mais il ne faut pas oublier qu’il attaque, fort bien, les requins ! ».
A vrai dire, il n’y a plus beaucoup de requins du côté de la Riviera. Pourtant il fut un temps où effectivement les clubs se croquaient les uns les autres. Ce fut le cas des Pirates de Nice qui durent fusionner avec les Orques de Cannes, l’ensemble croquant, à son tour, le club des Remparts d’Antibes. Une situation qui pénalisa toute la Côte D’azur qui se retrouva longtemps avec un seul club à Cannes.


C’est pour briser cette situation qu’un joueur décida de créer un club dans sa ville. Ce joueur n’était autre que l’actuel Président du club niçois, Jean-Luc Donivar. Avec quelques deniers en poche, il s’affilie à une structure Omnisports et fonde une équipe de Flag, dans sa bonne ville de Nice. On est en décembre 1999.
Très vite, l’équipe va s’étoffer avec l’arrivée d’anciens joueurs des défunts Pirates mais aussi « plein de jeunes recrues » tient à préciser le Président. Si bien que le club va pouvoir facilement aligner une équipe en football équipé, l’année suivante.

En 2002, c’est l’année décisive ; l’équipe atteint les ¼ de finale du Casque d’Or (super division qui regroupe la D2 et D3) mais surtout atteint une véritable maturité au niveau structurel. La Fédération se tourne alors vers le club pour l’inviter à participer au nouveau championnat de 2ième Division, qu’elle cherche à remodeler. Le club accepte, même s’il sait qu’il n’a pas le niveau sportif. L’équipe mettra deux longues années pour apprendre.



Mais les efforts portent leurs fruits et le Président Donivar peut savourer sa première demi-finale, en 2005, face à son ancienne équipe de Cannes. Le club perd cette demi-finale mais qu’importe, vu le chemin parcouru en 5 ans. La Fédération ne s’y trompe pas et propose l’illico au club de monter en Elite. Jean-Luc Donivar réunit les financements nécessaires, mais décide de se raviser après avoir consulter son bureau. Cette fois, le club préfère consolider son niveau de jeu en division 2, plutôt que de prendre des risques. De toute façon, le club peut dormir serein avec son réservoir de joueurs (300 licenciés dans les 5 catégories : minime, cadet, junior, senoir et flag), son stade des Arboras (un modèle du genre au niveau équipement) mais surtout sa bonne gestion et les bons rapports qu’entretient le Président avec sa mairie.
Pour l’anecdote, le club va même avoir le privilège d’être choisi pour le tournage de scènes dans le film américain " funky Monkey ". Au passage, il récupère un véritable arsenal de matériel d’entraînement neuf, acheté pour le besoin du tournage. « Rien n’est acquis et il faut savoir se remettre constamment en question ! » rétorque le Président. Mais de confier, en aparté, « de toute façon, le but c’est bien l’Elite ! ».

Il ne croit pas si bien dire car deux ans plus tard, le club accède à l'Elite par la grande porte, raflant au passage le titre de champion de division 2 . Une victoire qui vient couronner 8 ans d'un parcours exemplaire. Nice devient le plus jeune club de l'Elite.


Vous l'avez sûrement déjà croisé sur le bord d'un terrain, tellement il ne passe pas inaperçu. Cette figure incontournable du foot us en PACA a été élue Président de la ligue régionale, en 2005.
Avec son éternel chapeau de cow-boy et sa carrure de footballeur américain, l'homme n'a pas la langue dans sa poche. Il n'a pas hésité à poser sa candidature à la Présidence de la Fédération, en 2005. « C'était une candidature pour tirer le signal d'alarme » explique t’il. « Notre discipline manque de communication ... personne ne sait que l'on existe ! ». Autre grief : « Le calendrier de division 2 est mal fichu ... ce n'est pas normal que l'on rencontre Cannes en play off. Il faut croiser les poules entre Nord et Sud ! ».
Derrière le verbe fort et la prestance se cache un homme de terrain. Présent à tous les matchs de ses équipes à domicile, c'est lui qui tient le micro et chauffe le stade. Rien ne lui est inconnu dans ce sport (il a été deux fois champions avec l'équipe de Cannes). En plus, il connaît très bien ses joueurs, petits et grands. Il se définit comme un simple intendant du club. Mais ceux qui le connaissent savent qu'il est plus que cela.
Côté finance, il sait soigner ses bonnes relations avec les instances sportives et la municipalité de Nice. Il n'hésite pas à mettre de sa poche quant il faut. Le prix d'une passion. 


 -- Interview --

Vous êtes le Président d’un club qui a atteint pour la première fois de son histoire les ½ finales de l’Elite. Après seulement 12 ans d’existence et 5 ans d’apprentissage en Elite, on peut dire que c’est une belle performance sportive ?

Oui, c'est une satisfaction qu’il faut surtout mettre au crédit des joueurs, en particulier ceux de la saison précédente.

Qu’elle a été la recette pour passer d’une fiche de 0 victoire et 10 défaites, l’an passé (avec un match de relégation à la clés) à une fiche de 6 victoires et 4 défaites cette année (votre meilleure fiche en Elite) ? 

La recette est « simple » : des joueurs, qui malgré une saison négative, sont restés soudés. Ajoutez à cela une bonne formation de nos jeunes (campagne européenne junior 2004 et  2006 + nos surclassés) ! Saupoudrez d'un excellent coach ! Décorez avec des imports très jeunes et très impliqués ! Voilà la recette d’une superbe saison !

On a souvent l’image d’un club avec un Donivar omnipotent qui s’occupe de tout. Vrai ou faux ? Est-ce une mauvaise perception ou un réel mode de management ?  

C'est une fausse image. Je suis soutenu. Je fais confiance. Je ne prends jamais une décision sans concerter tout le monde.

Jusqu’à maintenant vous étiez le club le plus excentré de France. Avec la relégation des Argonautes, le budget déplacement va sans doute augmenter. Est-ce un handicape financier (on pense aussi aux kangourous la saison prochaine) ?

Non, j’ai pris des précautions. Juste avant le match contre les Centaures, je suis allé voir ma mairie en leur expliquant la situation en cas de victoire et s’ils nous suivaient ? Leur réponse a été : oui ! Idem pour le conseil général, donc normalement on devrait y arriver.

Après cette bonne saison, sur quoi misez-vous pour rester dans une bonne dynamique sportive ? Un nouveau recrutement, une saison européenne,… ? Les objectifs avoués pour 2013 ?

Pas de chamboulement, on mise sur les mêmes joueurs et coaches et on espère que nos imports reviendront.

La Ligue PACA

Depuis plus de 10 ans, les clubs vous accordent leur soutien pour mener les destinées de leur ligue. Votre réputation d’homme de terrain, souvent présent sur les bords de touche ou lors des réunions y sont sûrement pour quelque chose. Vous confirmez ? 

Non ! C'est un mélange du travail de plusieurs personnes et surtout l'envie de tous d'aller plus loin cette saison. Un petit bémol car nous sommes restés sans CTR et on n’a pas pu mettre en place des actions auprès de nos jeunes et avoir d’autres initiatives.

A ce jour, est-ce la plus grosse ligue de Province en nombre de licenciers ? 

Un certitude : chaque saison nous augmentons en nombre. Je pense que nous sommes dans les 3 premiers…

La seule ligue de Province avec la Rhône-Alpes à avoir une bonne homogénéité grâce à des clubs répartis dans les 3 divisions régulièrement. Un équilibre remis en question par la descente des Argonautes qui porte à 4 le nombre de clubs de la PACA en division 2. Etes-vous inquiet ? 

Je ne dirais pas que je suis inquiet, je pense raisonnablement que la saison prochaine on aura un autre club élite chez nous.

Cette saison un club corse avait demandé à faire parti de la ligue PACA. Il semblerait que cela n’a pu se faire. On a entendu beaucoup de choses différentes. Qu’en est-il réellement ? 

Alors là, je reste étonné ! Je suis allé en Corse et j'ai été très bien reçu par les clubs présents. Ils m’ont effectivement demandé de pouvoir intégrer le championnat régional avec la PACA (1 seul club). Le problème qui se posait, ce sont les déplacements. Pour eux, comme pour les clubs du continent, je ne voulais surtout pas que le club corse se déplace sans que les clubs du continent ne leur rendent la pareille. Alors j'ai proposé aux clubs présents de monter une ligue ou un comité départemental. L’idée a été très bien reçue. J’ai dit que la ligue enverrait des formateurs arbitres (et autres) en Corse afin d'éviter des dépenses pour eux. C’est plus facile 2 personnes que 10 ! Depuis mon passage en Corse, silence radio ! Entre temps, la ligue PACA a bien envoyé tous les comptes rendus des réunions aux clubs corses. Puis j'ai appris par la fédération qu'ils avaient monté une ligue (j’en profite pour les féliciter). Ce n’est que là que j'ai eu cette confirmation.

Cette année a été une vraie réussite pour le championnat régional : 8 équipes, 10 journées, 1 seul forfait concret (les 2 autres sont sur des matchs joués), des finales,… Vous étiez présent à la finale de Montpellier pour remettre les prix et servir le buffet d’aprés-match, offert par la Ligue. A quoi attribuez-vous ce succès ? Est-ce la démonstration que lorsqu’on laisse les clubs décider entre eux, les choses se passent mieux ?

Cette réussite est à mette au crédit d’ Hervé Leveziel qui a mis en place ce championnat. Ensuite les clubs ont bien joué le jeu. Le fait de se réunir et de se parler franchement est aussi la raison de ce résultat.

Les clubs de Languedoc-Roussillon sont sous la tutelle de la Ligue PACA en l’absence d’une nouvelle ligue autonome. Quand les choses vont-elles changer ? 

Non, cette ligue n'est déjà plus sous tutelle de la PACA, ils ont monté un Comité Régional. La saison prochaine, ils voleront de leurs propres ailes.

La Fédération

Vous exercez des fonctions au sein de la Fédération. Lesquelles et depuis quand ? 

Je suis simplement président de la « Commission Football Américain ».

Que répondez-vous à ceux qui critiquent le fait qu’un Président de club puisse être juge et parti au sein de la Fédération ? 

Je leur réponds que la fédération est jeune. A l’image des clubs où c’est souvent les présidents qui sont à la fois : arbitre, entraîneur,  homme de ménage, etc… Tant que nous n’aurons pas des personnes indépendantes pour s'investir dans la fédération, on aura toujours les mêmes critiques et questionnements. Rien n’empêche les personnes de se présenter !

Quand on va sur le site Internet de la Fédération, il est bien stipulé que la Commission des championnats travaille sous l’autorité du Comité Directeur et du Bureau Fédéral. Ce qui veut dire que tout se décide en collégialité. C’est bien cela ? 

Exact ! Ma commission se réunit d’abord et nous débattons sur des propositions afin de faire avancer les choses et améliorer, au mieux, ce qui existe déjà. C’est ensuite qu’on le soumet au CODIR pour le faire voter.

Abordons un sujet brûlant : celui des sanctions aux clubs. Que répondez-vous à ceux qui refuseraient de payer leurs amendes au motif que les sanctions aux autres clubs (même de nature différente) ne sont pas appliquées ? Surtout aux petits clubs qui ont l’impression, à tord ou à raison, que les grands clubs ont des passe-droits.

Je leur réponds que nous ne faisons pas de différence entre les catégories donc les sanctions sont appliquées.

Aujourd’hui tout le monde s’accorde pour dire que le cahier des charges pour l’Elite et la Division 2 est n’inapplicable parce que trop exigeant. Qui a voté ce cahier des charges ?

Ce sont les clubs qui votent lors des réunions. Je fais quand même une remarque :  si on appliquait à la lettre les CDC, on serait 10 clubs en France.

On se souvient de votre interview d’après-match à Panthers-TV, où vous ne décolériez pas de voir le projet de médiatisation de l’Elite tomber à l’eau, suite au vote sanction d’une majorité des clubs. C’est toujours le cas ? 

Oui c'est toujours le cas ! Surtout que se sont les mêmes clubs qui, maintenant, font leurs propres retransmissions. Ce qui m’a le plus déplu, c'est que les clubs élite avaient dit oui, lors de 3 réunions.

Vous êtes un partisan convaincu des équipes B au sein des grands clubs, un peu sur le principe des équipes de développement au rugby et dans d’autres sports, pourtant cette année votre club n’en avait pas. Pourquoi ? 

La raison est simple : j'avais créé cette section pour la formation et faire un palier pour les juniors qui montaient. Donc la première saison on s'est inscrit en D3 car nous étions les seuls. Puis en régional ensuite quand d’autres sont arrivés. La difficulté pour nous a été le manque de personnel pour entraîner ce groupe et surtout avoir un créneau horaire. S’ajoute une incompréhension des joueurs car mon club était trop jeune pour aligner : élite+section B+juniors+cadets.

Dans 6 mois, Marc Angelo Soumah entre dans sa 3ième année de mandat à la tête de la Fédération. Quel bilan tirez-vous son mandat ? 

Son bilan est bon. C'est un jeune Président qui a voulu aller vers l'avant et surtout compter sur ses relations. Des relations qui n’ont, malheureusement, pas cessé de lui mettre des bâtons dans les roues.

Quelque chose à rajouter ? 

Oui ! Je regrette que des personnes, qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, se permettent de certifier des choses sans prendre la peine de se renseigner avant … mais n'est pas chroniqueur qui veut !

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