Saïd Aboulafia (à gauche), président des Sabres de Tel-Aviv
et Jossef T. Glickman (à droite)
et Jossef T. Glickman (à droite)
Paradoxe surprenant que la situation du foot us dans un pays si proche des USA. On aurait pu croire que ce sport existe depuis des lustres vu la proximité des deux pays, aussi bien par des affinités politiques que par la présence d’une diaspora importante aux USA (il y a presque autant de juifs aux USA qu’en Israël). Et pourtant, le foot us en équipement ne date que depuis 3 ans.
En fait, tout est dû à un seul homme : Steve Leibowitz. Ce journaliste passionné de foot us (et américanophile convaincu) décide de lancer la discipline avec d’autres pionniers, en 1988. Sans moyens, c’est d’abord le lancement d’une fédération dédiée au Flag : l’AFI (American Football in Israel). Le succès en milieu scolaire est immédiat et les équipes se multiplient aussi bien chez les hommes que les femmes. C’est d’ailleurs chez les femmes que la renommée arrive : l'équipe féminine israélienne de flag fait des merveilles dans les tournois mondiaux. Les françaises s’en souviennent encore lors des affrontements du tournoi « Flag Océane » au Havre.
La suite de l’histoire du foot us en Israël se conjugue avec celle du propriétaire des New England Patriots (NFL): Robert Kraft. Ce riche et célèbre businessman américain de confession juive est un des plus grand mécène en Israël, via ses diverses fondations. Le destin fait croiser Robert Kraft et Steve Leibowitz dans un hall d’hôtel. Ce dernier lui fait part de ces difficultés à faire vivre son sport. L’affaire est dans le sac et Robert Kraft prend les choses en main.
En 2005, il devient immédiatement le parrain de la toute récente IFL (Israel Football League). La mention « Kraft Family » apparaît dorénavant à côté du logo IFL. Cette ligue est celle reconnue par l’IFAF.
La finale s’appelle l’Israël Bowl est se joue au Kraft Stadium de Jérusalem (un stade construit grâce à l’aide du généreux mécène américain).
Actuellement les 8 équipes sont toutes sponsorisées par une marque comme en Autriche et au Japon. Ce qui représente une belle prouesse financière pour un pays où le foot us est un sport encore confidentiel.
Le 5ième Israël Bowl vient de couronner les Sabres de Tel-Aviv face à leurs rivaux des Pioneers dans le grand derby de la ville. C’est un 2ième titre pour les Sabres et une 3ième participation à la finale.
Le couronnement d’une équipe mais aussi d’une ville qui héberge 4 équipes sur les 10 de la ligue :
-2 dans la ville : les Sabres et les Pioneers
-2 en périphérie : les Hammers au nord et les Troopers à l’est.
-2 dans la ville : les Sabres et les Pioneers
-2 en périphérie : les Hammers au nord et les Troopers à l’est.
Une 5ième équipe en gestation dans le sud
Pas vraiment étonnant car Tel-Aviv est réputée pour être « le Miami du Proche-Orient », une ville jeune et dynamique loin des turpitudes du reste du pays. La ville jouit d’un véritable climat de tolérance entre les communautés, illustré d’ailleurs par cette équipe des Sabres dont le Président est un arabe de Jaffa (Saïd Aboulafia), membre d’une famille qui a fait fortune dans la boulangerie.
Le foot us israélien se porte donc bien avec déjà 10 équipes (et sans doute 1 ou 2 de plus prochainement) pour un pays qui ne dépasse pas la superficie de la Lorraine.
Israël étant une terre de brassage et de passage, il est logique de retrouver beaucoup de nationalités différentes dans les rosters. Les Américains sont forcement les recrues de choix et les transferts parfois même acharnés (pouvant même finir devant les tribunaux : voir article du Jerusalem Post).
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Petite interview d’un joueur
(qui fait presque office de vétéran avec 4 ans dans la ligue) :
(qui fait presque office de vétéran avec 4 ans dans la ligue) :
Présente-toi !
Mon nom est Jossef T. Glickman, j'ai 29 ans et je joue au poste de DE / LB aux Troopers de Petah Tikva (ville de 184200 habitants au nord-est de Tel Aviv).
Comme as-tu découvert le foot us en général et le foot us israélien en particulier ?
En fait j’ai découvert le foot us grâce à des amis américains qui étaient en Israël. Par contre, c’est en parcourant un site de sport israélien pour m’informer sur le Superbowl que j’ai découvert, presque par erreur, la pratique en Israël.
Tu as débuté aux Sabres de Tel Aviv et maintenant tu es aux Troopers, pourquoi ?
J’ai choisi une autre orientation en venant aider une toute nouvelle équipe pour sa première année dans la ligue. D’ailleurs je vais poursuivre dans cette voie en fondant une autre équipe, avec un autre joueur Mintz Dvir, dans notre ville natale à Rehovot (sud de Tel Aviv).
Parle-nous des Troopers ! [Ndlr : les Troopers ont intergré l’IFL cette saison avec les Northern Stars pour porter à 10 le nombre d’équipes]
Une toute nouvelle équipe composée essentiellement de joueurs tous neufs dans ce sport avec une poignée de gars, comme moi, un peu plus chevronnés. Difficile d’envisager une qualification (les troopers ont perdu tous leurs matchs) mais c’est le sort habituel pour une nouvelle équipe.
C’est incroyable, le foot us n’existait pas il y a encore 6 ans en Israël. Maintenant il y a 10 équipes et un championnat qui semble tenir la route. Pourquoi a t'on attendu si longtemps pour un pays pourtant assez proche des USA ?
Contrairement aux idées reçues, Israël est plus proche de l’Europe en matière de sport. Le soccer et le basket sont donc les disciplines qui dominent. Une autre raison évidente ; c’est l’heure à laquelle sont « brodcastés » les matchs de foot us à la TV. 20h/21h aux USA, cela fait 3h/4h du mat chez nous ! De sorte que seuls des fous restent pour regarder les matchs. Ces mêmes fous qui se retrouvaient dans un parc de Tel Aviv le vendredi matin et qui un jour ont décidé de monter une ligue.
Qu’est-ce qui motive un israélien à jouer au foot us plutôt qu’au soccer ou au basket ?
Les autres sports ne sont pas réellement des sports de contact. La vie quotidienne en Israël n’est pas si simple, comme vous le devinez. Le football est un bon moyen de libérer son agressivité et lâcher un peu la vapeur.
Est-ce une ligue semi-pro ? Les joueurs sont-ils rémunérés ?
Aucune forme de paiement, nous devons nous débrouiller pour acheter notre propre matériel et payer nos assurances.
De part son histoire et sa géographie, Israël est très cosmopolite et multiconfessionnelle, peut-être plus qu’ailleurs. Cela constitue un handicap dans la cohésion des équipes ?
Notre mode de vie en Israël est basée sur la tolérance entre les communautés (chrétien, musulman, juifs,…). Etant un ancien soldat de la Marine [ndrl : le service militaire est obligatoire en Israël], on y apprend vite le «savoir-vivre ensemble ». Préserver la paix au travers d’un groupe, comme l’armée, est presque un don de dieu.
Avez-vous des tournois de jeunes pour préparer l’avenir ?
Il existe une ligue de High School de 8 équipes qui entame sa 2ième année début mars.
Il y a-t’il une équipe nationale en préparation ?
Aucune idée !
Que dirais-tu à de jeunes français qui voudraient voyager et venir tâter du ballon chez vous ?
Que nous avons plusieurs grosses communautés francophones ! Parfois regroupées dans des villes comme Netanya et Ashdod. La vie a changé dans les parages et vous pourrez vivre une expérience plus détendue qu’avant.
Petit pronostic pour la finale (Israël Bowl) ?
En tant qu’ancien Sabres, je suis du côté des Reds !
Quelque chose à rajouter ?
J’envoie mes plus sincères condoléances à la totalité des familles après les actes horribles des dernières semaines et l'assassinat de trois soldats et toute une famille par un terroriste.
Et à tous les joueurs français "à bientôt sur les terrains !".
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