11 juillet 2006

Interviews de Sébastien Sejean en 2004 puis 2006

Salut Sébastien, on te retrouve après 1 an et demi d’expérience au Canada.

On t’avait interviewé alors que tu finissais ta première saison 2004 à l’université de Laval. Tu avais fini comme titulaire. 

As-tu réussi à t’imposer à ton poste, en 2005 ?

D’abord, je suis rentré en France pour voir ma famille et mes amis en juin. Cela m’a permis de ne pas perdre contact avec la famille et la vie française. Apres un été 2005 bien rempli, en terme de préparation physique, j’ai effectué un camp d’entraînement satisfaisant avec d’excellentes choses sur le plan technique et tactique.

Indiscutablement, j’ai gagné ma place de titulaire. Grâce à mon sérieux et ma polyvalence sur le plan physique, j’ai pu prendre la place de joueurs qui sont partis chez les professionnels. Beaucoup de personnes attendaient de moi et n’ont pas été déçu, en particulier les coachs. 

Rappelle-nous le fonctionnement du système universitaire au Canada ?

Il y a 4 conférences (non proportionnelles, en nombre d’équipes) : Québec, Maritime, Ontario et l’Ouest canadien.

La saison régulière comprend 8 «games» dont 2 hors conférences. Les 4 premiers de chaque conférence font les playoffs (demie et finale de conférence). Chaque année, il y a une rotation dans les demies finales pour que les gagnants de conférence ne rencontrent pas les mêmes champions de leur conférence, chaque année.

Les demies finales sont des Bowls (Uteck et Churchill Bowl). La finale, c’est la Coupe Vanier.


En 2005, ton université de Laval a échoué aux portes de la finale de la Coupe Vanier. Parle nous du parcours de ton équipe. Comment juges-tu ce parcours ?

En 2005, on était l’équipe à battre : double championne en titre …et partie à la conquête d’un troisième titre d’affilé, ce qui n’avait jamais été fait au Canada.

Nos armes à l’offensive étaient les mêmes qu’en 2004. Par contre, celles de la défensive avaient changé avec 5 nouveaux titulaires (sophomore) dont 2 DB. Au commencement du championnat, nos adversaires misaient sur la faiblesse de Laval en défensive et principalement sur la jeunesse des DB.

On a eu un excellent début de saison avec une fiche parfaite de 8 victoires. En même temps, on a battu le record de victoires consécutives de la Ligue qui est maintenant à 22. On était classé numéro un au pays avec la meilleur défensive et offensive à la passe.

On a réalisé des bons matchs en playoff : victoire en demie finale et en finale de conférence.

La finale, on l’a joué à l’extérieur contre l’université de la Saskatchewan (vice championne). Les conditions de match nous ont troublé avec leur terrain en herbe glacé, une foule «Red-neck». Mais on voulait absolument gagner chez eux pour leur prouver qu’on n’était pas « over-rated ». On a eu un mauvais début de match. En défensive, on n’arrivait pas à stopper leur jeux de course et en offensive on arrivait pas à installer un bon jeu au sol. On était mené de 21 points au 4ième quart. On fait une grosse remontée à 40 secondes de la fin … on revient à 26-28 … mais on rate la conversion à 2pts. Ce fut une défaite crève cœur !

Sur le plan personnel, dans quel secteur de jeu t’es-tu perfectionné, en 2005 ?

Jais progressé sur tous les plan (physique, technique et tactique).

Ce que j’ai travaillé le plus, c’est le mental. J’ai pris de l’assurance et de la confiance pour être le joueur « dominant » que je suis et que je dois rester (self motivation oblige !). Avant, j’avais un tempérament dominateur mais pas assez agressif. Maintenant je suis devenu un joueur qui ne tolère pas la moindre domination d’un adversaire, jeu après jeu !

Tu rempiles en 2006. Jusqu’à quel âge a-t’on le droit de jouer en université et dans qu’elles conditions ?

Pour être dans une team, il faut juste être inscrit dans l’université et avoir un bon niveau au football évidemment. Il faut être étudiant à temps plein et inscrit à un minimum de 12 crédits (4 cours). Pour être à l’université, il faut avoir le Bac ou une équivalence ou être un étudiant adulte qui n’a pas fréquenté l’école depuis 3 ans minimum.

Sans faire de narcissisme, j’imagine que tu t’intéresses à ce que l’on dit sur toi ? Cela donne quoi ?

On me juge assez athlétique pour mon poids (102 kg). Surtout pour jouer demi-défensif. Mais ma polyvalence me permet de jouer DB, LB et DE.

Ce que disent les gens peut être flatteur et encourageant mais n’influe pas sur mon comportement. Avant de venir ici, je jouais en Elite française et j’étais déjà conscient de mes capacités. N’importe comment, j’ai appris très tôt à compter sur ma force de caractère et non pas sur ce que l’on dit sur moi.

Tu as participé à 2 combinés de la CFL, c’est quoi exactement ? Comment fait-on pour être sélectionné et dans quel but ? 

Ces 2 combines sont non officiels. Cela permet aux joueurs qui n’ont pas été invités aux vrais combinés de se montrer. Il arrive que ces joueurs se fassent drafter. C’est le but.

Dans un 2ième temps, cela permet aux joueurs de Laval qui sont à 1 ou 2 années de leur draft, d'évaluer et suivre leur progression.


Parles nous des tes performances physiques ? Dans quelles domaines as-tu le plus progressé et de combien ?

- Je suis à 102kg avec 5 a 6% de gras.

- Au développé couché, mon max est à 335lbs (152kg),

- Mon max de répétitions à 100kg au développé couché est à 18 reps. 

- Mon max à l’épaulé est à 120kg.

- Au 40 yards, je suis à 4,62 électrique.

- Au t-test, je fais 4,40.

Dans un interview, tu as émis le souhait d’intégrer la CFL. Pourquoi cette ligue et pas la NFL ? Comment se passe le draft au Canada ?

Mon objectif est de jouer professionnel. Je fais tout pour. Comme je joue au Canada, il m’est plus simple de jouer en CFL. Mais si je peux, je viserai plus haut.

Le draft s’effectue en 6 tours avec 8 joueurs choisis par tour. Les joueurs draftés sont uniquement canadiens. Il y a des canadiens qui jouent en université aux États-Unis et qui sont draftés aussi. Par contre, les américains ne le sont pas.

Tu serais le deuxième français à intégrer la CFL, après Pépé Esposito. Si tout ce passe comme tu le souhaites, ce serait quoi ton objectif le plus fou ?

Jouer titulaire des mes premières années dans la CFL. Et devenir le deuxième joueur français à jouer comme titulaire, en NFL.

Continues-tu tes études et pour quoi faire ? Mise à part le foot, à quoi occupes-tu ton temps ? 

Cet automne, je finis un certificat en histoire (bac +2).

En dehors du foot, mon temps libre est consacré au repos. De temps en temps à des sorties en boite avec les joueurs.


Gardent en NFL, cela t’inspire quoi ? Ne regrettes-tu pas de ne pas avoir tenté la filière NFLE ?

Félicitation à lui, il le mérite. Cela prouve que tout est possible et cela va faire longtemps que j’y crois. Je n’ai pas de regret pour la NFLE. Au contraire, ma démarche canadienne va me permettre d’avoir un diplôme et par la suite d’avoir des perspectives que je n’aurais jamais réussi à développer en NFLE.

Ton secret pour des jeunes joueurs qui souhaiteraient faire comme toi et tenter une aventure nord-américaine ?

ATTITUDE, NO EXCUSE, … croire en ses possibilités et ne pas penser à l’échec !

 Que voudrais-tu rajouter ?

Merci EliteFoot qui me permet de faire cette interview, la FFFA qui m’a permis d’aller à Amiens en Sport Etude et en team europe. 

Un salut à Olivier Moret, Jean-Marc Panzou, les Spartiates d’Amiens, les Molosses d’Asnières qui m’ont fait découvrir le foot … tous mais amis à Montreuil 93. … et surtout ma famille qui me soutient et continue à croire en moi, malgré la distance.

-- Interview 2004 --

Peux-tu te présenter ?

Je m'appelle Sébastien SEJEAN, j'ai 21 ans et je joue en D1, aux Spartiates d'Amiens. Je suis Safety, même s'il m'arrive d'occuper, de temps en temps, le poste de LB ou Corner. A présent, je suis à l'Université LAVAL au Canada.

Quel est ton parcours ?

J'ai commencé le foot us en 1999, grâce à Jean-Marc Panzou, aux Molosses d'Asnières. D’abord en flag, puis en équipe junior, un an plus tard.

En septembre 2001, c'est le grand départ vers le Pôle Espoir d'Amiens qui a été un véritable tremplin pour progresser à tout les niveaux (études et sportif). Notamment, grâce au soutien de Olivier Moret, qui en est le directeur.

Le moment décisif a été le championnat d'Europe Junior en 2002 (all-star team safety). Une expérience qui m’a permis de me faire repérer par les recruteurs de la Team Europe.

Ensuite, les choses s’enchaînent.

J'ai participé au Global Junior à San-Diego, en 2003 avec la Team Europe (all-star team safety).

Puis, en 2003, c’est la coupe du monde des nations avec l'équipe de France Senior.

J'ai vraiment commencé à prendre confiance en mes possibilités, lors de mon invitation à un camp de recrutement NCAA des meilleurs juniors européens, en 2003. En effet, j'ai été approché par trois universités (Louisiana-Tech, Western-Michigan, Houston Cougars).

J'ai fait le camp NFL Europe, en 2003.

Enfin, c’est le titre de champion de France, avec les Spartiates d’Amiens.

Aujourd’hui, c’est l’aventure canadienne.


Tu as choisi de partir aux Canada, pourquoi ?

Il est clair que jusqu 'à juin 2004, je n'avais dans l'idée de partir jouer en université au Canada. Mais les circonstances ont eu raison de mon choix.

J'avais été contacté par le Head-Coach de LAVAL, au Global Junior 2003, sans prendre de décisions. Puis je me suis décidé, même si mon objectif premier était de jouer en NCAA D1. Cela me permet d'avoir une expérience universitaire et atteindre un niveau encore plus supérieur. Même côté études, c'est ardu ! J'étudie l'histoire (6 heures obligatoires + 3 avec son tuteur).

C'est compliqué de partir en université, là-bas ?

Il n'y a pas trente-six milles manières. Soit tu pars pour les études, à temps plein, en étant un étudiant super motivé, soit tu as la chance d'être recruté par un Head-Coach, à condition d'avoir un bon niveau en foot.

Parle nous un peu de ton Université ?

Les origines de l'Université remontent à 1663, lorsque le premier évêque de la Nouvelle-France, Mgr François de Montmorency Laval, fonde le Séminaire de Québec. Une charte constituant l'université est octroyée, en 1852 par la reine Victoria et l'Université Laval devient la première Université francophone en Amérique du Nord. Aujourd'hui, elle s'étend sur un vaste campus comptant plus de 30 pavillons modernes et forme une communauté d'environ 4000 employés et 36 000 étudiantes et étudiants provenant de plus de 85 pays.

Solidement ancrée dans le peloton de tête des grandes universités de recherche au Canada et dans le monde francophone. L'Université LAVAL possède une bonne réputation sur les plans de l'enseignement, de la recherche et de la création.

Au niveau football, ça se passe comment ?

Le football canadien est différent du football américain. Au lieu de 4 tentatives, on en a que 3. On joue à 12, et le plus surprenant c'est que les WR ont droit avant la ligne de scrimmage et le ut du QB une prise d'élan, ce qui ne facilite pas les défensives.

Le jeu est très rapide et les unités spéciales ont une importance prépondérante. Elles font parti d'un tiers du temps de jeu.


Qu'est ce qui est le plus surprenant ?

C'est la somme de sacrifices qu'il faut faire. L'exigence des Coachs est constante et les semaines sans récupération sont dures. Dures ! Mais indispensables, si tu veux mener ton équipe et ton programme à l'excellence. 

Il y a eu le temps d'adaptation aux règles canadiennes qui sont un peu déroutantes.

Mais le plus surprenant, c'est de jouer dans un stade de 20 000 personnes en liesse. La TV et les médias sont là. Les "Games" sont retransmis, à travers tout le pays. Enorme !!

D'accord, c'est pas la NCAA, mais ça a de l'allure.

Qu'elle différence tu fais, entre le niveau français et canadien ?

C'est deux extrêmes ! Au Canada, on est l'objet d'un intérêt permanent et d'une attention particulière des sponsors.

En france, la FFFA ne dispose pas de moyens financiers et matériels de cette ordre. C'est bien le problème, d'ailleurs. Je pense qu'il faudrait être plus présent dans le paysage médiatique grâce à des joueurs qui élèveraient le niveau en s'expatriant, par exemple.


Encouragerais-tu les jeunes à partir au Canada, pour se perfectionner ?

Oui, mais à condition d'être sérieux et d'avoir des objectifs concrets. Car la somme de sacrifices est énorme. Tant au niveau sportif que sur le plan des études. Pour jouer, il faut valider tous ses cours en 2 sessions (automne et hivers). Si les crédits ne sont pas tous validés, tu ne joues pas la saison suivante à moins de prendre des cours d'été.

Côté sport, il faut produire de la qualité et rester très assidu.

Je pense que si tu as la motivation et les qualités athlétiques, cette expérience est super profitable.

Au niveau argent, il faut prévoir quel budget ?

Prévoir 1000 euros pour les frais de scolarité et environ 300 euros par mois. Si tu réussis à avoir une moyenne scolaire de 2.0 sur 4.33 à la fin de ta première année, ils te remboursent tes cours et prennent en charge ceux de l'année suivante. 

Personnellement, quels sont tes objectifs ?

Mes objectifs sont bien définis. C'est de progresser dans tous les aspects du jeu (physique, intensité, tactique, technique et mentale) et devenir un joueur all-canadian au sein de la ligue, pour ma 2ième saison. Mais je ne mets pas toute mon énergie qu'à cela, je veux atteindre le plus haut niveau possible.

Dernièrement, des coachs de la CFL sont venus nous voir pratiquer et j'ai eu la chance de pouvoir leur parler. Ils ont trouvé que j'avais des qualités pour entrevoir plutart une tout autre carrière. Il est certain que je ne me dis pas : "Super, tout est fait, j'ai participé à la victoire cette année en universitaire !". Non, j'ai l'esprit de compétition et j'ai consenti à trop de sacrifice (ainsi que mes proches) pour m'arrêter sur ça.


As-tu eu du temps de jeu en tant que rookie, cette année ?

En fait, l'effectif de l'équipe est de 65 joueurs. Il n'y en a que 42 habillés au match. Et être habiller ne t'offre pas la certitude de rentrer sur le terrain. Donc, toute la semaine c'est la guerre aux "pratiques" pour faire sortir une liste des prétendants pour le match.

En tant que 1er année, j'ai fait tous les matchs dans les unités spéciales puis vers la fin, j'ai pu obtenir une position. J'ai remplacé, dés le début du 2ième match de la saison (à Bishop), le Starter. Je me suis bien débrouillé puisque j'ai réalisé 2 interceptions et 2 plaquage et 0,5 sack. On m'a utilisé comme nickel-back en 6ième et 7ième semaine, où j'ai réussi 6 plaquages et une interception contre St-Mary's Halifax, dans un stade plein à craquer de 20 000 personnes. Il est clair que comme première année, j'ai beaucoup joué sachant que l'on était que 5, à être habillés.

Le meilleur moment de la saison (le plus dur !) a été le moi de Novembre. On a du jouer 3 matchs de playoff avant d'arriver, le 27 novembre, en finale nationale, à Hamilton.

Quand tu es rookie que tu te retrouves en finale nationale, que tu joues pour l'université N°1 du pays, que tu es en unités spéciales, ... je te raconte pas la nervosité et le stress.

Jouer devant un public de 16 000 personnes, ça donne quoi ?

Crois-moi que ça impressionne ! Et bonjour la motivation ! Ici la plupart des spectateurs sont des étudiants, mais fanatiques ! Les visages des gars sont colorés de peinture rouge et or, et il y a un public de filles, à perte de vu. Je peux dire que c'est vraiment extraordinaire !

Lors du match d'ouverture de la saison, après la présentation des équipes, j'ai vu débouler dans le ciel un avion de l'armée canadienne qui est passé juste au dessus du stade, après l'hymne nationale. Il y avait tellement de monde et de bruit, on se serait cru au Superbow. Un truc de fou !

Eh bien, continue à vivre ton rêve et tiens nous au courant pour la suite de ton aventure. 




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