10 mars 2008

La vie d'arbitre en France

Sujet tabou

Quand j’ai pris l’initiative de dédier ces quelques lignes aux arbitres de ce sport, je dois bien vous avouer que cela n’a pas été simple. Entre les “mouaih...” des rédacteurs, les autorisations spéciales de la FFFA pour entrer dans les vestiaires des zèbres, le manque crucial de documentation,… je me suis cru dans une enquête sur un sujet qui dérange. 

Le début de mon enquête (donc) a commencé par une relecture minutieuse des articles parus sur les arbitres dans la presse spécialisée de notre sport. La presse disparue, devrais-je dire. Et là stupeur ! C’est le néant ou presque. Allez, deux articles complets ! Un dans un vieux Quaterback Magazine de 1987 et un autre dans le USFoot Magazine de juin 1992. Le ton est donné : les arbitres n’intéressent personne dans ce sport et cela ne date pas d’aujourd’hui. Plus grave, en re-parcourant les publications officielles de la Fédération (3FA) qui existe depuis novembre 1983, pas un mot ! Rien sur ceux qui sont les chevilles ouvrières du fonctionnement de ce sport.

Quant on songe que ce sport est de loin le plus consommateur d’arbitres, on se demande si certain ne se tire pas une balle dans le pied. Rappelons qu’un match de foot us nécessite, au moins 6 arbitres, pour un bon déroulement. Ignorez cette fonction en oubliant de la valoriser, c’est tarir le fleuve des vocations.

La réputation

Mais de quoi souffrent les arbitres, au juste ? La réponse est simple : d’une mauvaise réputation. Beaucoup plus dans le milieu du foot us, lui-même, que dans celui du public. Là, où d’autres arbitres de sport-co se battent pour ne pas être détestés des tribunes, les nôtres se battent pour ne pas être haï par les joueurs et coachs.

La règle en cause

Un paradoxe qui s’explique par l’essence même de ce sport qui est hyper réglementé. D’où une plus grande probabilité d’oublis ou de méconnaissance de la règle. Le reproche majeur réside aussi dans l’application de celle-ci. Il y a la faute, mais faut-il la siffler ? Pour imager, on peut ressortir cette vieille comparaison : le policier qui donnerait des P.V. à tous les piétons qui traversent en dehors du passage clouté. Et une réputation de certains (parfois à juste titre) de Cowboys du flag. Il faut savoir que dans un match de foot us, il y a du holding à tous les jeux (usage illégal des mains). Si on siffle toutes les fautes, les matchs dureraient une journée.

Troisième équipe

C’est tout le débat. Certains ne veulent absolument pas entendre parler de troisième équipe sur le terrain. Un match, c’est deux équipes, pas trois ! Sinon l’équipe d’arbitrage devient un adversaire supplémentaire pour l’une ou l’autre. 

Mais aller dire aux arbitres, qui pour la plupart consentent à de lourds sacrifices pour être présents les week-ends, qu’ils ne sont pas des acteurs à part entière... c’est courir à la catastrophe. 

A contrario, quel est le jeune qui aurait envie d’endosser un rôle dont on lui fait comprendre qu’il doit être le plus transparent possible dans le scénario ? Autant être transparent, assis dans les tribunes bien au chaud, merguez à la main !

Et l’argent ?

Un autre sujet sensible, mais au combien crucial, qui n’arrange rien au tableau. Car c’est bien le nerf de la guerre. 

Si les considérations d’argent n’entrent pas trop en jeu dans les petites catégories (D3, Junior, Cadet), cela n’en va pas de même en Elite et en Division 2. La belle époque des 5 arbitres, tous nationaux, qui officiaient durant un match est bien révolue. “’C'est la crise !”, nous dit-on du côté des clubs ! Du coup, on est passé de 5 à 2 arbitres nationaux. Le reste étant fourni par les équipes avec des arbitres club, censés coûter moins chers ! Oui, mais pour la qualité, il faudra repasser. Et pour avoir suivi une équipe d’arbitrage durant tout un match Elite, je peux vous assurer que l’ambiance mise par certains arbitres club ressemble plus à celle d’une cours de récréation qu’à celle d’une véritable équipe d’arbitrage. Et comment justifier qu’une équipe puisse être arbitrée par ses propres arbitres ? Qui plus est en Elite ! Tout juste hallucinant!

Que dire, aussi, de ces clubs qui préfèrent payer leurs arbitres club aussi cher qu’un arbitre national, pour qu’il reste au club et n’aille pas tenter une carrière régionale ou nationale ?

Bref, autant des questions qui ne trouvent pas toujours réponses. Mais qui seraient bon d’évoquer, en ces temps de dette remboursée et de bonne santé financière de la fédé.

Combien sont-ils en 2008 ? 

Sur les 7971 licenciés en équipement, les arbitres sont 643. Ce qui fait environ 8% du total, soit 1 arbitre pour 12 licenciés équipés. Si on les compare aux 160 arbitres du rugby à XIII (sport très proche en nombre de licenciés), on se rend compte que cette fonction est largement plus répandue chez nous. Il est donc plus facile de côtoyer ou croiser un arbitre dans le petit monde du foot us français que dans tout autre sport. Normal me direz-vous, vu que les clubs sont obligés de fournir des arbitres. Certes ! Mais n’est ce pas là ce qui permet à cette fonction d’être plus «aimée» et trouver ainsi sa respectabilité, surtout dans les petites divisions ? 

Arbitres Internationaux = 8
Arbitres Nationaux = 14
Arbitres Régionaux Confirmés = 9
Arbitres régionaux = 12
Arbitres Clubs Confirmés = 88
Arbitres Club = 512
Total = 643

Répartition inégale

En étudiant la carte, on constate que la répartition géographique est inégale. Cela tient au fait qu’il n’y a des arbitres que là où il y a des clubs. Une région avec beaucoup de clubs aura donc plus d’arbitres. 

Hormis les trois grandes ligues (IDF, PACA, Rhône-Alpes), on remarque que deux ligues atteignent la 50aine de licences arbitre : BPL (Bretagne Pays de Loire) et Normandie. A signaler, les 7 arbitres régionaux de la ligue BPL (un record) et les 19 arbitres club des Salamandres du Havre (un record après le club du Flash).

Là, où les choses commencent à se déséquilibrer, c’est au niveau des Arbitres Internationaux et Nationaux. La quasi-totalité résident à Paris. Une raison liée au fait que leur expérience a été acquise à Paris auprès des clubs les plus anciens de l’Elite. Ce qui entraine des frais supplémentaires avec les déplacements en province pour les matchs mais aussi pour les supervisions.

Pyramide irrégulière

Autre inquiétude quand on construit la pyramide par niveau. On passe de 600 arbitres club à 21 arbitres régionaux. Les vocations se font rare ! 

Plus inquiétant, il y a presque autant d’arbitres régionaux que d’arbitres de niveau supérieur. Un réservoir bien faible pour alimenter la crème de l’arbitrage. Le spectre de voir des arbitres régionaux officier en tant qu’arbitre principal d’un match Elite n’est pas loin.

Pour Arbitrer en D1 & D2 (en 2008)

En tant qu'arbitre principal
Arbitres Internationaux = 8
Arbitres Nationaux = 14
TOTAL = 22

Ayant fait le stade D1 & D2
Arbitres Régionaux =1
Arbitres Club = 96
TOTAL = 97


C’est quoi une CRA ?

Les CRA (Commission Régionale d’Arbitrage) sont les commissions qui prennent en charge l’arbitrage dans chaque ligue. Toutes les ligues n’en sont pas pourvues, faute d’effectif. Elles se tournent alors vers les ligues voisines.

La politique de remboursement des frais peut être très variable, d’un CRA et une autre, par exemple.

C’est quoi la CFA ?

Autrefois, il existait une CCA (Commission Centrale d’Arbitrage). Cette dernière a été fondue dans la Commission de Football Américain (CFA) de la Fédération. La partie arbitrage ayant été confiée à un zèbre d’expérience : Alain Fabre. Celui-ci est aussi membre du Comité Directeur. A ce titre, il est le représentant des Arbitres auprès de la FFFA.

Déroulement d’un match

Plutôt que vous faire un long descriptif des procédures que doit accomplir un arbitre, durant un match, nous vous renvoyons au site de la Fédération. Vous y trouverez tous les documents téléchargeables qui permettent de mieux comprendre ce qui est nécessaire au bon déroulement d’un match : 

Taper : www.fffa.org , cliquez sur «Football Américain», ensuite «Arbitrage».

Après un ou deux coups de téléphone de confirmation dans la semaine, un arbitre doit arriver au minimum deux heures avant son match. Il faut compter une heure de plus après le match pour accomplir toutes les formalités. Avec 2 à 3 heures de match, il faut prévoir sa journée du dimanche.

Combien cela rapporte ?

Faites le calcul vous-même !

-sachant qu’un arbitre national et international touche 75 euros par match Elite et D2 (60 pour un national en D2),

-qu’ils font en moyenne 20 matchs par saison,

-qu’ils accomplissent 2 à 4 jours de formations pour les CRA (1 jour de formation = 1 match) et 2 supervisions (1 supervision = 1 match),

-qu’ils participent 2 jours au stage de formation «Arbitre National» annuel,

Voilà, vous avez une fourchette !

A cela, s’ajoutent le remboursement de la nourriture et des frais de déplacement. Le taux de remboursement est variable selon les CRA.

Tout ceci est approximatif car il faut bien reconnaître qu’il est très difficile d’avoir les chiffres exacts. Un problème lié à toutes les Fédérations d’ailleurs. Transparence quand tu nous tiens !

Les Quotas

La règle stipule qu’il faut un maximum de 7 arbitres et un minimum de 3 pour le déroulement d’un match.

En France, la FFFA impose aux clubs la présence de 2 arbitres clubs, lors de la tenue d’un match. Le reste doit donc être pourvu par les CRA ou la CFA. Notamment pour le poste d’arbitre principal.

En Elite et D2, le problème est résolu car la présence de 2 nationaux (ou internationaux) est obligatoire.

En D3, régional, junior, cadet, l’arbitre principal doit normalement être un arbitre régional. Sauf qu’il manque beaucoup d’arbitres dans certaines régions mais aussi quand les compétitions se déroulent simultanément. Du coup, il n’est pas rare de voir des arbitres club être désigné comme arbitre principal. Une régle toujours en vigueur stipule d'ailleurs, qu'en cas extrême, n’importe quel licencié présent peut être désigné arbitre du moment.

Cursus pour devenir Arbitre de Foot US 

Chaque étape suppose d'arbitrer des matchs et être surpervisé par un arbitres supérieur 

1
S’inscrire dans un club et demander à être arbitre
2

Pour obtentir la licence arbitre club (valide 2 ans) :

Participation au stage «CLUB»
- animé par les CRA (commissions régionales d’arbitrage)
- supervisé par des arbitres nationaux
- cours + test + pratique

>> Peut participer à une équipe d’arbitrage de : D3, Régional, Junior, Cadet

3

 

Pour obtenir le statut arbitre club confirmé :

Participation au stage «CLUB» :
même principe que le stage «club»
mais avec plus de perfectionnement.

4

Pour obtenir le statut arbitre régional :

Participation au stage «REGIONAL»
- animé par les CRA (commissions régionales d’arbitrage)
- supervisé par des arbitres nationaux
- cours + test + pratique * (l’accent est mis sur la gestion d’une équipe d’arbitres)

>> Peut arbitrer un match : D3, Régional, Junior, Cadet

5

Pour obtenir le statut arbitre régional confirmé :

Participation au stage «REGIONAL CONFIRME»
Même principe que le stage «régional» mais plus poussé.

6

Pour obtenir le statut arbitre national :

Participation au stage «NATIONAL»
- animé par la commission national d’arbitrage
- supervisé par des arbitres nationaux et internationaux

>> Peut arbitrer un match : Division 1 & Division 2

7

Pour devenir arbitre international :

Il faut surtout avoir fait ses preuves en tant qu'arbitre national, notamment en Elite. La nomination dépend beaucoup de l'avis de la commission d'arbitrage et des nombreuses évaluations par ses pères. Pour réduire l'écart entre le statut d'arbitre national et international, un statut de néo-international est en rodage.

>> Peut arbitrer un match : international


NB : Chaque année, un stage «Division 1 & 2» a lieu.
Il est indispensable aux arbitres des clubs de l’Elite et de Division 2 pour officier à ce niveau. Il est nécessaire pour familiariser les arbitres au jeu à 11 (on joue à 9 en D3, junior et cadet) et au nombre d’arbitres plus important dans ces divisions.



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