23 juin 2009

Kylie, cheerleader pour Penn State

Ils sont les premiers supporters du College Football, les porte-drapeaux de leurs universités, les étudiants exemplaires qui font le lien entre le sport et la charité. Ils font rêver les petits, fantasmer les plus grands, ils sont ce qui fait la beauté et la passion des samedis après-midi sur les terrains de football universitaire. Eux, ce sont les cheerleaders.

Rencontre avec Kylie Nellis, cheer des Nittany Lions.

Pasadena, le 31 décembre 2008. Demain le mythique stade du Rose Bowl, à quelques centaines de mètres de là, accueillera le traditionnel match de gala entre les champions de la Pac-10 et de la Big Ten, USC et Penn State. Mais pour l’heure, avant que les athlètes ne prennent possession du terrain pour se livrer bataille dans ce match très attendu du jour de l’an, le comité d’organisation du « Granddaddy of Them All », le doyen des matchs universitaires de post-saison, a invité Pete Carroll et Joe Paterno à venir dire quelques mots lors d’un déjeuner festif organisé sous une grande tente installée sur le parking du stade. Alors que les quelques centaines de convives prennent tranquillement place aux tables dressées à leur intention un groupe d’étudiants en uniformes bleu et blanc attend patiemment à l’extérieur de la tente.

Ce sont les cheerleaders de Penn State, une vingtaine de garçons et de filles qui ont fait le déplacement depuis State College en Pennsylvanie pour soutenir les Nittany Lions dans leur confrontation face aux Trojans et, en ce dernier jour ensoleillé de décembre, représenter leur université aux cotés de leur célèbre coach octogénaire.

Nom : Kylie Marie Nellis
Date de naissance : 15 avril 1988
Matières étudiées : Journalisme de radiotélévision, Politique internationale, Allemand
L’après université : Je voudrais faire un métier de reporter pour une chaîne d’information. En fin de compte j’aimerais pouvoir voyager grâce à mon travail.
Sports favoris : Football, Basket-ball, Soccer
Livre favori : La vie secrète des abeilles de S.M. Kidd
Nourriture préférée : Crème glacée [Penn Stateest réputé aux USA pour les glaces de la « Creamery » de son département d’agro-alimentaire, notamment pour son parfum « Paterno Peach », NDLR]
Célébrité que vous aimeriez rencontrer : Lisa Ling [journaliste américaine, NDLR]
Personne que vous admirez le plus : ma mère

L’humeur est joyeuse en attendant l’entrée en scène. Les rangs sont dispersés. Tandis que la majorette répète ses gammes en tête du cortège de la fanfare de l’université, le fameux Marching Blue Band, quelques unes des filles posent avec les motards de l’escorte policière.

Parmi elles Kylie Nellis, étudiante de troisième année en journalisme qui participe pour la première fois à un déplacement de post-saison avec l’équipe de football.

Représentation à Universal City, déjeuner des entraîneurs, pep-rally, défilé de la Rose Parade sans oublier évidemment le match du Rose Bowl, la semaine californienne est bien remplie et représente une expérience unique et inoubliable pour la jeune Kylie. Des quarante cinq membres de l’équipe de cheerleading seulement une vingtaine est du voyage à Pasadena. Le privilège se gagne à l’ancienneté, prestige du match oblige. La délégation est deux fois plus importante que pour les rencontres de football de saison régulière disputées à l’extérieur pour lesquels seuls quatre couples et la mascotte font le déplacement.

Une activité aux multiples facettes 

Le cheerleading est une activité exigeante, au même titre que celle de joueur de football, que les étudiants doivent intégrer dans leur emploi du temps à raison de trois à quatre entraînements hebdomadaires. Récompense de leurs efforts, les étudiants dont la moyenne dépasse 17.5/20 sont éligibles pour l’année suivante à une bourse variant de 1500 à 2500 dollars. Les membres de l’équipe bénéficient en outre de la gratuité de leurs livres en compensation du travail volontaire qu’ils effectuent en début d’année pour la librairie du campus. Il n’y a pas de critères physiques particuliers à remplir pour pouvoir intégrer l’équipe de cheerleading.

Seule compte la capacité à réaliser les prouesses techniques et physiques nécessaires à l’exécution des chorégraphies et autres démonstrations artistiques. 

Des sélections sont organisés à la mi-avril auxquelles se présentent environ quatre vingt filles et trente garçons, étudiants de PSU ou lycéens futurs résidants du campus.

Les candidats sont évalués sur leurs aptitudes physiques en tumbling, sur des exercices de danse et de chant et sur leur faculté d’encouragement.

Un entretien individuel permet également de juger la personnalité des futurs cheerleaders. Comme le précise Kylie Nellis : « En tant que cheerleaders nous représentons Penn State à des manifestations d’anciens élèves et nous avons de fortes interactions avec la communauté [de State College]. [Les recruteurs] cherchent donc des candidats travailleurs avec de la personnalité et une attitude positive. » Le rôle des cheerleaders s’étend en effet au-delà des terrains sportifs. Ils participent activement à diverses manifestations organisées par la puissante organisation des anciens élèves, souvent généreux contributeurs au budget de l’université, rendent visite aux pensionnaires de maisons de retraite ou encore récoltent des fonds lors d’événements caritatifs.


Parmi ces événements se trouve notamment le « Penn State Dance Marathon » que tous les sympathisants de PSU connaissent sous le nom de THON. Le THON est le plus important événement philanthropique organisé par des étudiants aux Etats Unis. Sur les deux jours de son organisation, chaque année en février, il récolte quelques soixante millions de dollars destinés à la lutte contre le cancer infantile. Kylie était en 2008 l’une des responsables du groupe de cheerleaders impliqué dans le THON. La vente aux enchères d’une partie de leur équipement, la récolte directe de fonds dans les rues de State College ou encore l’incitation aux dons sous forme de lettres envoyées aux amis et aux familles ont permis de rapporter près de sept mille dollars en 2008. 

Encouragement sur le terrain, représentativité en dehors

L’activité principale des cheerleaders reste néanmoins de motiver les fans et d’encourager les équipes de football et de basket-ball de l’université. Occasionnellement, pour les rencontres importantes, ils peuvent être amenés à assister à un match de hockey ou de lutte, deux sports phares à Penn State. Une autre équipe de cheerleaders suit quant à elle exclusivement les équipes de volleyball masculine et féminine, toutes deux poids lourds universitaires. Enfin, un groupe d’environ dix sept membres (dix garçons et sept filles) participe également chaque année à une compétition nationale de cheerleading en Floride.

Peu après les sélections de mi-avril, les cheerleaders ont droit à leur premier avant-goût d’un match de football à Beaver Stadium lors du Blue-White Game, confrontation en forme de scrimmage qui clôt la période des entraînements de printemps fin avril. Mais la saison débute réellement en août à l’occasion d’un camp d’entraînement intensif (9h-21h quotidiennement) d’une semaine qui réunit des entraîneurs et des équipes venues d’autres universités. Puis l’équipe bénéficie d’une semaine de repos avant de revenir sur le campus et de reprendre l’entraînement spécifique pour préparer la saison. Une fois les cours repris, une semaine plus tard, les entraînements sont programmés du lundi au jeudi de 18h à 20h30. Durant la saison de football, de fin août à début décembre, les cheerleaders participent à des festivités organisées le vendredi : distribution de posters et d’autocollants à la librairie du campus ou pep-rally, ce rassemblement de supporters au cours duquel Joe Paterno et quelques joueurs viennent traditionnellement haranguer les fans. Samedi est évidemment jour de match avec ses nombreuses apparitions avant la rencontre, notamment à l’imposant « tailgate party » qui réunit plusieurs dizaines milliers de supporters aux abords du stade, et dimanche est jour de repos bien mérité. Le schéma se répète chaque semaine jusqu’à la fin de la saison de football après quoi l’équipe se tourne vers les matchs de basket-ball jusqu’à début avril, usuellement par roulement et uniquement pour les matchs à domicile et de post-saison. La fin de la saison de basket-ball coïncide avec la période à laquelle sont organisées les sélections pour la nouvelle saison à venir, et le cycle recommence.

Être cheerleader

Kylie Nellis est née et a grandi à Pittsburgh, à l’extrême ouest de la Pennsylvanie et à environ trois heures de route de State College. Depuis toute petite elle aime la danse et la gymnastique et c’est tout naturellement qu’elle se tourne vers le cheerleading au début de l’adolescence.

Ce n’est pourtant pas le critère qui l’amènera à choisir Penn State pour poursuivre ses études. « Quand j’ai commencé à chercher une université je savais que je voulais étudier le journalisme donc j’ai sélectionné les facs offrant les meilleurs programmes en la matière. Mes premiers choix étaient North Carolina, Syracuse et Penn State. Je voulais vraiment aller à North Carolina à cause de son climat chaud. Malheureusement je n’y ai pas été admise. J’ai visité Penn State et Syracuse et j’ai dû prendre une décision. A Syracuse [dans le nord de l’état de New York non loin de la frontière canadienne, NDLR] il m’a semblé qu’il ferait bien trop froid. Et Penn State a beaucoup de bons cotés. J’ai été acceptée à Penn State et j’ai réussi à intégrer l’équipe de cheerleading. Le cheerleading n’était pas un facteur décisionnel quand j’ai choisi l’université où je voulais aller mais maintenant je ne peux plus imaginer ma vie sans ! »


Si la rudesse des hivers de Happy Valley [le nom donné à la région autour de State College, NDLR] n’a rien à envier à celle de ceux d’Upstate New York, Kylie ne regrette rien, loin de là. Elle a trouvé en Penn State une université avec un fantastique esprit de corps et des étudiants extrêmement fiers de leur école. Exactement ce qu’elle souhaitait et ce à quoi elle s’attendait en venant à PSU. Faire partie de la famille de Penn State est une chose, en être l’une des cheerleaders en est une autre et pas des moindres. Pour Kylie le fait d’être cheerleader à Penn State plutôt que dans une autre université porte l’expérience à un tout autre niveau : « Pouvoir être sur le terrain avec certains des meilleurs athlètes du pays, l’un des plus célèbres entraîneurs au monde et dans un stade rempli de 110 000 fans dévoués et déchaînés procure un sentiment incroyable.»

Au-delà du terrain, le cheerleading permet à Kylie de partager son attachement et son amour de Penn State au quotidien. Aux quatre coins du campus et du pays elle est le témoin permanent de la passion et de l’empreinte laissées par Penn State sur les gens : « Je savais que toutes les personnes qui viennent à Penn State ont le sang bleu et blanc mais je crois que ce sentiment est magnifié lorsque l’on est cheerleader. » Et de fait, être cheerleader sur un campus universitaire confère un statut et une responsabilité particuliers : « En tant que cheerleader nous avons le sentiment de jouer un rôle spécial pour Penn State. Nous sommes conscients que ce rôle s’étend au-delà des encouragements sur le terrain et que nous sommes des ambassadeurs de notre école. Des maisons de retraite aux rassemblements des supporters, de Beaver Stadium à la Californie, quand nous enfilons cet uniforme nous représentons notre école et tous ceux qui y sont passés un jour. Les cheerleaders sont une sorte d’icône de l’université et même si nous avons beaucoup de plaisir à encourager [les athlètes] nous prenons ce rôle très au sérieux. »


We Are !

L’équipe de football… C’est par son biais que Kylie a connu les moments les plus mémorables de sa vie étudiante.

Et notamment à Beaver Stadium où elle confesse se sentir comme chez elle. Durant les fameux matchs White-Out durant lesquels les 110000 fans s’habillent tous en blanc, Kylie peine à réaliser la chance qu’elle a d’être sur le terrain au milieu de cette ambiance si électrique et surchauffée. Elle le reconnait volontiers, « la section étudiante de Penn State est la meilleure du pays [reconnue comme telle par ESPN, NDLR] et elle fait que le cheerleading vaut la peine.» 

Mais le summum de l’émotion, le moment qui récompense tous les efforts et qui justifie les si longues heures d’entraînement et tout le travail accompli est sans conteste pour Kylie l’entrée sur le terrain, lorsque les cheerleaders ouvrent le chemin à l’équipe de football depuis le bout de la end-zone jusqu’au milieu de la pelouse : « Voir Joe Pa pointer son doigt (nous faisant signe de nous lancer) et se mettre à courir à pleine vitesse les pompons en l’air, le vent fouettant le visage, le bruit sourd des crampons des joueurs sur l’herbe et les cris de 110 000 personnes vêtues de bleu et de blanc dans les oreilles…

On se sent pouvoir courir pendant des heures avec toute cette excitation au fond de soi. Je m’en souviendrai à jamais.» Et pour cause, Beaver Stadium fait partie de cette demi-douzaine de stades de football universitaire où l’ambiance survoltée des fans dépasse l’entendement commun et qui, l’automne venu, procurent les plus belles émotions du sport américain.

L’automne est encore loin à State College mais dans les premières douceurs du printemps on peut sentir l’odeur nonchalante de l’été indien sur Happy Valley. Les entraînements d’avril s’achèvent à peine et les fans s’impatientent

que n’arrivent la fin août et le début de la saison de College Football. En novembre Ohio State doit venir à Beaver Stadium affronter les Nittany Lions dans leur antre. Ce sera sûrement encore en nocturne. Ce sera sûrement encore un White-Out. Ce sera sûrement encore l’un des plus beaux moments dans la vie de cheerleader de Kylie Nellis.

Par Blaise Collin

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Situé au cœur de la Pennsylvanie, dans la Happy Valley au pied du Mont Nittany (d’ailleurs, ce nom vient d’une légende urbaine, il viendrait du nom d’une princesse indienne du nom de Nita Nee.), le Beaver Stadium est un des stades les plus gigantesques de toute la NCAA.

Avec pas moins de 107 282 places (toutes assises), le Beaver Stadium figure second juste derrière le fameux Michigan Stadium des Wolverines (107 501) et juste devant le Neyland Stadium des Volunteers du Tennessee (104 079). D’ailleurs, le stade est vraiment à l’image des fans des Nittany Lions, car même dans la défaite, Penn State attire toujours autant les foules. En effet, rien qu’en saison régulière (victorieuse ou non), le Beaver Stadium est souvent archicomble. On y trouve une ferveur unique que peu d’universités ne provoquent. La preuve la plus flagrante, fut le fameux match contre Nebraska à domicile en 2002, avec une affluence record de 110 753 fanatiques des « blue & white » ponctué par une victoire cinglante de 40-7.

Imaginez un peu, un stade de 110 753 furieux, tous arborant fièrement leurs couleurs (bleu et blanc) et dont chaque tribune par opposition se lance des « We are… Penn State !!! ». Beaucoup d’adversaires appréhendent les matchs dans la tanière des Nittany Lions, rien que de part leurs fans.

Combien de temps mort on dut être utilisé pour que l’information circule entre coach et joueurs à cause de la puissance sonore qui empêche tout audibles ? Combien de joueurs sont resté tétanisé face à la fameuse défense de Penn State dont la foule en furie scande leurs louanges.

C’est tout simplement la loyauté, la ferveur et la dévotion des fans qui font le cœur et l’esprit des Nittany Lions de Penn State.

Le Coach emblématique

Joe Paterno (surnommé JoePa) est en passe de devenir le plus grand coach qu’ais connu la NCAA depuis Paul (Bear) Bryant, l’amblematique coach d’Alabama reconnaissable par son mythique chapeau et veste à carreau. JoePa, diplômé de Brown University en 1950 y fut également un prodigieux QB/RB mené d’une main de maître par Charles (Rip) Engle. A peine diplômé, Paterno devient assistant coach de ce dernier à Penn State. 16 ans plus tard, en 1966 c’est au tour de Paterno de véritablement commencer sa success story.

C’est alors que tout s’emballe et que la dynastie des Nittany Lions prend forme. Pendant plus de 1 demi siecle (44 en tant que head coach) à Penn State, Joe Paterno va gagner pas moins de :

- 2 titres nationaux (1982 et 1986),

- 5 saisons sans défaites (1968, 1969, 1973, 1986 et 1994),

- 3 titres de la conférence Big Ten (1994, 2005 et 2008),

- 12 Bowls Majeurs (6 Fiesta Bowl, 4 Orange Bowl, 1 Sugar Bowl, 1 Rose Bowl),

- 13 Bowls Mineurs,

Il est le seul entraîneur à avoir remporté chacun des quatre Bowls Majeurs.

A 84 ans passés, le natif de Brooklyn (N.Y) en est donc à 526 matchs (394 victoires, 129 défaites et 3 nuls). Joe Paterno fait donc partis du cercle très fermé des coachs à +300 victoires

Il est clair qu’après 60 années passé dans la même université et ayant réalisé à lui tout seul la majeur partie de l’histoire des Nittany Lions, un départ serait une perte incommensurable dans le cœur des fans, mais quelquefois, il faut aussi savoir regarder devant pour pouvoir avancer. Mais qui pourra remplacer LE coach universitaire ?…

Une usine à linebacker

En effet, Penn State est réputé pour formé les plus grands LB’s que la NCAA et la NFL ont connu. Ceci vient du fait, que la philosophie et l’esprit des Nittany Lions est axé exclusivement sur une défense agressive. PSU n’a jamais été réputé d’une attaque éblouissante et se suffit derrière leur défense infranchissable. Même si la liste de tout les plus grands LB’s de Penn State serait trop longue à énumérer, citons en quelque uns tel que Greg Buttle, Jack Ham, Shane Conlan, Lou Benfatti, Bruce Clark et plus recemment, les 2 premiers choix de la draft 2000 que sont Courtney Brown et LaVar Arrington. Ceci dit, PSU à aussi formé d’excellent QB’s (Kerry Collins, Todd Blackledge) et des RB’s de renoms, Curt Warner, Larry Johnson, Matt Suhey (FB de Walter Payton), Franco Harris (Immaculate Reception) et le seul Heisman John Cappelletti.

Article de Renaud BASTIEN


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