5 mai 2010

Polémique sur l'élaboration du classement

Comme chaque année, le système BCS subit les foudres des fans et coachs de la NCAA. Revenons un peu sur la raison d'être et le fonctionnement du BCS (Bowl Championship Series), le système informatique qui sert à classer les équipes universitaires.

Avant 1998, chaque équipe jouait ses matchs dans son coin et ce n'était qu'en fin d'année que l'on désignait le champion universitaire. Ce champion était désigné en fonction du vote des coachs et du vote de la presse. Le problème, vous l'aurez deviné, et que souvent ils n'étaient pas d'accord sur le champion. A plusieurs reprises il y a eu 2 champions NCAA. Les disputes célèbres les plus récentes ont eu lieu entre Michigan et Nebraska en 1997 et Penn State et Nebraska en 1994. 

Bonjour BCS

Pour remédier à ce problème, en 1998, la NCAA instaure le BCS. Un logiciel informatique qui prend plusieurs paramètres en jeu pour classer les équipes de la façon la plus rationnelle possible. 3 facteurs entrent en jeu. Tout d'abord, le facteur humain, c'est-à-dire le vote des journalistes, le Harris poll (qui a remplacé l'AP poll), et des coachs, le USA Today poll. Chaque vote compte pour un tiers de la note finale. Ensuite il y a le fameux Computer Ranking qui calcule votre niveau en fonction du niveau de vos adversaires. 

Il vaut mieux donc avoir une fiche de 11-1 (comme la plupart des équipes jouant dans des grosses conférences telles que Florida, Oklahoma, Ohio State) face à de grosses équipes, plutôt que d'être invaincu dans une conférence très faible (comme Boise State, Utah …). Mais le cauchemar du BCS, c'est quand il y a 2 équipes avec la même fiche (disons 11-1) dans des conférences similaires (la Big 10 et la SEC par exemple). Le calcul BCS calcule alors la qualité de jeu de vos adversaire, même après que vous les ayez joué. C'est-à-dire que si vous gagnez en début de saison contre Michigan State, vous aurez plus de points si Michigan State gagne tous ses matchs restants, que si cette même équipe perd tous ses matchs suivants. Le nombre de points final avoisine les 1800.

Pour aider à déterminer les équipes qui iront à des bowls majeurs, certaines conférences ont une finale. La Big 12, la SEC, l'ACC en ont une. C'est souvent là que les grosses équipes chutent, comme Alabama cette année, qui était invaincu avant son match de conférence contre Florida moins bien classé.

Exemple du Bug 2008

Mais cette année, il y a eu un grand malaise. Il ne fallait pas choisir entre des équipes venues de conférences différentes, mais entre des équipes issues de la même conférence, qui plus est, de la même partie de la conférence (Big 12 sud). Les 3 équipes en question étaient Texas, Oklahoma et Texas Tech. Il y avait un gros débat sur qui envoyer en finale de la Big 12 et donc en finale nationale puisque l'équipe de la Big 12 nord n'était qu'un faire-valoir. 

Texas avait tout d'abord battu Oklahoma de justesse 45-35 en début de saison, avant de perdre à 2 secondes de la fin contre Texas Tech quelques semaines plus tard, qui s'était à son tour fait écraser par Oklahoma 65-21. Impossible de départager les 3 équipes puisque les adversaires étaient les mêmes. Et même si Texas Tech apparaissait en retrait (victoire in extremis et grosse défaite), comment départager Oklahoma devant Texas, puisque les Sooners avaient perdu lors du Red River Shootout quelques semaines plus tôt. Et comment classer les Longhorns devant les Sooners puisque les Texans avaient perdu contre une équipe qui n'a pas résister une seule mi-temps face à Oklahoma (42-7 à la mi-temps). Le BCS a tranché, c'est Oklahoma qui a décroché son ticket pour la finale de la Big 12. Comme prévu, ils n'ont fait qu'une bouchée des Missouri Tigers (62-21). 

Quant à l'autre équipe que tout le monde estimait spoliée, les Gators, ils ont eu la chance de se faire justice en jouant contre Alabama lors de la finale de la SEC. Ils ont battu le Crimson Tide de Nick Saban 31-20. Mais sans cette finale de conférence, ils auraient sans doute été laissés de coté au profit d'Alabama.

Le mieux c'est encore d'être invaincu.

Le BCS n'est pas parfait mais il y a 3 choses à savoir. 

1 - Si votre équipe favorite perd un match, il vaut mieux qu'elle le perde tôt. 

2 - Il vaut mieux jouer dans une conférence relevée comme la SEC ou la Big 12. Car si votre équipe perd un match elle aura des chances de jouer contre des équipes classées, ce qui rapporte plus de points. 

3 - C'est un plus de jouer dans une conférence avec une finale, avec un peu de chance, l'équipe rencontrée en finale sera numéro 1 et votre équipe favorite pourra lui piquer la place. C'est ce qui a permis à Florida d'aller en finale en battant Alabama, alors numéro 1. 

Quels critères les équipes pour répartir entre les bowls ?

Quand le système BCS est créé en 1998, 4 matchs de bowls sont instaurés : le Fiesta Bowl à Phoenix, le Sugar Bowl à la Nouvelle-Orléans, l'Orange Bowl à Miami et le Rose Bowl à Los Angeles. Ces 4 matchs accueillent les 8 meilleures équipes, et la finale alterne entre ces 4 matchs pour qu'il n'y ait pas de jaloux. En plus de ça, la NCAA passe un contrat entre ces matchs et certaines conférences, que l'on renomme "conférences BCS". Cela veut dire que dès le moment que vous remportez une conférence BCS, vous êtes obligatoirement invités à un Bowl BCS, ce qui posera des problèmes plus tard quand des conférences BCS deviendront médiocres, mais obtiendront quand même des tickets pour jouer des matchs BCS. Sur les 8 places BCS disponibles, 6 sont donc réservés aux champions des conférences BCS (ACC, Big 10, Big East, Big 12, Pac 10, Sec). Les 2 dernières sont attribuées aux équipes championnes des autres conférences (C-USA, MAC, WAC, Mountain West, Sun Belt.) si ces équipes sont classées dans le Top 12 ou si elles sont classées dans le Top 16 mais devant une équipe championne de conférence BCS. Notre Dame est automatiquement invitée si elle finit dans le Top 8. En 2005 la NCAA a instauré un nouveau match, le BCS championship game. Il voit s'affronter les équipes classées 1 et 2 dans la formule BCS. La raison est purement commerciale. Les 4 autres matchs accueillent les autres équipes suivant leur affiliation (Le Rose Bowl accueille le champion Pac 10, Le Sugar Bowl accueille le champion de la SEC, l'Orange bowl accueille le champion de l'ACC et le fiesta accueille le champion de la Big 12). Le second enjeu d'une finale nationale est qu'une de ces 4 villes accueille 2 matchs de Bowls BCS une fois tous les 4 ans. Voici pour l'organisation des matchs de bowls BCS. Pour les autres bowls, ce sont les organisateurs des bowls qui choisissent leurs équipes en fonction de celles qui sont éligibles (il faut au moins avoir 6 victoires). Par exemple, les organisateurs du Motor City Bowl, qui se joue à Détroit, vont plutôt choisir des équipes du Michigan, car il y aura plus de fans dans le stade qui si les organisateurs invitent des équipes du Montana. Mais il n'y a que 68 places, et s'il y a plus d'équipes éligibles, il y en aura forcément qui seront délaissées. Généralement les moins glamours comme les Akron Zips, Kent State Flashes, ou encore les Western Kentucky Hilltoppers (leur logo vaut le coup d'œil !).

Les lésées en faveur d'un système de playoffs. Pour ou contre ? 

CONTRE : Gardons la tradition

Cette histoire de playoffs est une pure hypocrésie. Ceux qui râlent sont toujours ceux qui sont 3e et 4e, mais l'année suivante, quand ils sont invités à la finale, bizarrement ils ne râlent plus. La NCAA, contrairement à la NFL est un sport où c'est d'abord l'appartenance à une équipe et à une université qui compte. Et ces 34 bowls sont une façon de célébrer une année passée dans une université avec ses hauts et ses bas. Avec 34 bowls, il y a 34 vainqueurs. Si un système de playoffs est mis en place, il n'y aura qu'une seule équipe victorieuse sur 117. De plus, il y a un problème pour nommer 2 équipes, certes, mais il y aura le même problème pour en nommer 8. Comment faire la différence entre le 8e et le 9e ? Il y aura toujours des équipes qui crieront au vol, alors que tout le monde connaît les règles : 

1 - Jouer dans une grande conférence, ou le cas échéant organiser son calendrier pour jouer les matchs hors- conférence contre de grosses équipes.

2 - Ne pas perdre de matchs. La NCAA est un système de playoff dès le premier match, si vous perdez, considérez vous éliminés.

POUR : Que le meilleur gagne !

Je pense qu’un système de play-offs présenterait de nombreux avantages. Cela permettrait d’éviter ces nombreuses polémiques de fin d’année quant au choix des équipes qui disputeront la finale nationale et puis cela permettrait également de donner un aspect plus équitable à la finale car le titre de champions se ne joue réellement qu’entre les dix plus grands programmes de la NCAA. D’un autre côté, il n’est pas rare de voir des "upsets", c’est-à-dire de voir tomber contre toute attente des grandes équipes face à des équipes sans grande renommée. Ainsi, avec un système de play-offs il deviendrait possible de voir ces petits programmes défrayer la chronique et parvenir à des phases finales car aucune équipe n’est à l’abri d’une défaite. A l’inverse, le système BCS actuel empêche certaines petites équipes même invaincues de participer aux bowls principaux,et par conséquent le BCS fait chaque année des heureux et des malheureux et cela fini par créer un sentiment d’injustice parmi les fans les plus fervents. Il est clair que le système BCS craint de perdre ses privilèges car ces matchs de bowls sont des recettes énormes que s’arrachent les plus grandes chaînes de télévisions. Le BCS n’aurait effectivement aucun intérêt de diffuser un match tel que "Florida-Citadel" pour finale nationale car la finalité du BCS c’est l’audience des téléspectateurs. 

Protéger le business

Si le système BCS n’est pas exempt de faiblesses et de défauts, il a effectivement au moins l’avantage de ne pas modifier le format de la post-saison. Car, ne nous y trompons pas, les bowls de fin de saison n’ont jamais eu vocation à déterminer quelles équipes étaient les meilleures sur la saison et tout l’objectif des bowls, et des bowls BCS en particulier, est de proposer un spectacle attractif et vendeur. La sélection d’Ohio State au Fiesta Bowl n’est due qu’à la capacité des fans de Columbus de se déplacer en grand nombre et de faire tourner l’économie locale. Le business lié aux bowls a été estimé en 2008 à 1.2 milliards de dollars et avec 34 bowls organisés en 2008-2009 ce sont 68 équipes qui participent à la fête de post-saison soit potentiellement jusqu’à deux millions de fans.

La crainte d’une mutation néfaste de ce système de bowls est partagée par Bill Hancock, administrateur de la BCS. Interrogé par EliteFoot, il confie que "beaucoup d’experts doutent que quinze mille fans de State U. (et quinze mille fans de son adversaire) se déplaceraient à Pasadena pour un quart de finale une semaine, puis à Miami pour la demi-finale la semaine suivante et enfin à Phoenix pour la finale la semaine d’après". Il insiste également sur le fait que "le College Football a la saison régulière la plus capitale et la plus excitante de tous les sports et un système de playoffs diminuerait son importance". 

Au niveau sportif, il est indéniable que le caractère vital de chaque weekend d’automne serait mis à mal si chaque équipe pouvait se permettre de laisser filer un match ou deux. Au niveau financier, les revenus associés aux matchs de saison régulière représentent une part conséquente du budget des départements athlétiques. Ils servent entre autre à faire vivre des sports moins médiatisés. Il est donc également important pour les universités de pouvoir continuer à remplir les stades tous les samedis d’automne. 

Et puis, avouons-le, aucun amoureux du College Football ne veut vraiment d’un scénario à la NFL . Pour les fans d’Auburn, rien n’aura jamais plus de valeurs que de battre Alabama. Le retour au firmament du College Football de Michigan ne passera que par une série de victoires sur Ohio State. La tradition, les rivalités du mois de Novembre, la passion, les surprises, les déceptions, les déplacements massifs des fans pour les bowls, tout ce qui fait l’histoire du College Football serait remis en cause par des playoffs. Sans que les interminables discussions sur la légitimité des participants et du vainqueur final ne cessent pour autant.

Dixit Mark Richt, head coach de Georgia : "Je crois que le College Football est le sport qui possède la saison régulière la plus excitante. La saison régulière en elle-même est un playoff".

Article de Blaise Collin


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