5 juillet 2010

Les Raiders, club au passé sulfureux

 En 2003, deux équipes qui arborent des noms de pirates des mers se retrouvent face à face pour disputer un Superbowl. 

Se pose alors la question de savoir : qui de ces deux équipes peu revendiquer le mieux son nom ? 

La réponse ne fait pas un pli tellement l'image de l'équipe californienne a su incarner l'esprit de rébellion et de terreur dans son passé.

Une réputation

Les Raiders, c’était dans les années 80 l’image du football rebelle. Des millions de jeunes voyaient dans cette équipe une manière d’exprimer leurs révoltes contre la société, contre leurs parents. R comme Raiders, R comme Rebelle. Le drapeau pirate aidant, les fans reprennent tous en cœur le slogan mythique : «Real men wear black» (les hommes véritables s’habillent de noir).

Le club va bâtir sa légende en laissant sa chance à des rescapés. Offrir à des joueurs rebelles et marginaux l’opportunité de s’exprimer en toute liberté et cela, bien évidemment, sur le terrain de football américain. Une équipe de durs à cuire, de «bads boys» pour semer la terreur sur le terrain et vogue la galère… .

Si l’équipe des Raiders avait la réputation d’offrir une dernière chance aux «barjos », aux «défavorisés» et aux vétérans en «fin de carrière», elle le doit aussi à un homme : Al Davis. Il fut une des personnalités les plus «intéressantes» et «excentrique» de la ligue et dirigea de façon redoutable la destinée des Raiders.

Al Davis, l'insolite

Ex-joueur, ex-entraîneur dans les rangs universitaires puis professionnels, il atterrit, en 1963, au sein d’une jeune équipe (les Raiders ont été créés en 1960) complètement désorganisée et au bord de la catastrophe. Dés son arrivée, Davis s’occupe de tout. Côté administratif, il est le «general manager» et gère tout de A à Z (et même de Z à A). Côté terrain, il est le head-coach. La saison précédant son arrivée l’équipe rendait une fiche de 1 victoire contre 13 défaites. L’arrivée de Davis va transformer une équipe de «lossers» en «winners». Effet immédiat ! La saison 1963 voit les Raiders remporter 10 de leurs 14 rencontres.

«Just win baby, win» est à Al Davis ce que l’Appel du 18 juin est au Général De Gaulle. 

Davis va entraîner ses hommes dans une sorte de nébuleuse du secret. L’équipe vit dans une sorte de paranoïa, seule contre le monde entier, seule contre la ligue. Mais ça paye !

Avec lui à la barre, le Silver and Black reste au top niveau pendant 27 ans, cumulant 21 saisons avec plus de victoires que de défaites dont 16 saisons consécutives de 65 à 81. Les 18 qualifications en play-offs, les 14 titres de divisions et les 3 victoires au Super-Bowl portent tous sa griffe.


Le "Vertical passing attack"

Le jeu qui va faire la gloire des Raiders est un jeu basé sur une attaque explosive dite "verticale" basé sur la longue passe, la fameuse "BOMBE". 

A l'époque, le jeu était plutôt orienté sur la course et le peu de fois où le QB lance le ballon, c'est dans des situations difficiles du style 3e down et 30 yards à gagner.

Avec les Raiders, ont utilise la "passe" dans toutes les situations et on distribue les balles à tout va. Sur un premier et dix par exemple, ou encore, sur un deuxième down et un yard à franchir. Un seul mot d'ordre "bombarder" ses adversaires de longues passes en attendant le "big play" . Un "marche ou crève" plutôt dangereux mais courageux, à l'image de l'esprit "Silver and black". 

Madden, le fou furieux

En fait après deux saisons, Davis passe temporairement le flambeau comme head-coach, tout en ne restant jamais très loin du terrain. En 1969, il embauche John Madden. Celui-ci est un fou furieux qui va entraîner ses joueurs dans tous ses délires ; sorties nocturnes, déclarations scandaleuses, … . Son atout va être le légendaire Ken Stabler, quaterback gaucher, surnommé «the Snake» (le serpent). Ken va devenir le chef de cette dangereuse meute de malfamés, assoiffées de victoires que les autres équipes rechignent à affronter. Leur devise du moment qui deviendra célèbre «Live fast, play hard, throw deep» (Vivre à cent à l’heure, jouer fort, lancer loin).

Quand les Raiders débarquaient dans la ville, les fans de foot s’enfermaient à double tours. Le « Silver and Black » incarnait alors l’anti Establisment. Ils étaient perçus comme une bande d’insoumis, de brutes, d’anciens malfrats et d’une panoplie de parias dont les autres ne voulaient plus.

Bref, quand le drapeau à la tête de mort flottait au-dessus d’un stade, tout le monde tremblait et ne donnait pas cher de la peau des victimes du prochain abordage.

C’est sous sa houlette que le bateau pirate va connaître ses «glorious years» et accumuler les trésors de guerre.

En 1979, John Madden doit raccrocher, pour raisons médicales. Le régime de vie à la tête de cette équipe de loubards lui cause de sérieux ulcères d’estomac. Il se reconverti dans la télévision où ses analyses sont aussi survoltées que pouvait l’être son coaching.


La descente aux enfers

Pour remplacer Madden, Davis fait appel à son ancien QB, Tom Flores, un homme du sérail, histoire de rester en famille. Les années Flores seront dominées par un joueur que nombre d’équipes prétendaient «bon pour la casse». Ce joueur s’appelle Jim Plunkett. Dernier QB à avoir guidé le Silver and Black à une finale de super Bowl. C’était en 1984. Les Raiders avaient écrasé les Redskins 38 à 09. Jim Plunkett n’avait ni la grâce d’un Joe Montana et encore moins l’allure californienne d’un Troy Aikman, mais son efficacité et principalement son ardeur faisaient la différence.

Pourtant les mauvaises langues disent déjà que l’esprit des Raiders n’est plus. Et les faits vont leurs donner raison. En effet, les défaites vont s’accumuler et les saisons se transformer en cauchemar pour les pirates en noir. Pire, les Raiders ne font plus peur. Du rang d’équipe la plus punitive voire explosive du circuit, elle est soudainement passée à celui de la plus prévisible du championnat. Résultat : exit Flores ! Bonjour Shanahan. Mais celui-ci ne sera jamais vraiment accepté du fait qu’il n’est pas originaire du club. Plus grave, il ose modifier la philosophie de jeu Raiders. Au placard les éternelles longues passes (longues bombes) de la grande époque ! 

Premier coach noir

Pour le remplacer, Davis fait appel à Art Shell un ancien tackle offensif des «glorious years» qui, après une impressionnante carrière de joueur avec l’équipe, avait intégré le coaching staff quelques années auparavant. Aux yeux de tous, Shelle est le sauveur et les Raiders sont fiers d’aligner le premier head-coach noir de l’histoire de la ligue. Malheureusement, Shell ne pourra pas faire de miracles.


Un bastion blanc vient de tomber.
Le 3 octobre 1989 sera un jour de gloire pour la cause noire. Al Davis, le patron des Los Angeles Raiders, prend le décision que personne n'imaginait. Il vire son head coach de l'époque (Mike Shanahan) et installe Art Shell à sa place. Il vire un blanc au profit d'un noir. Un nouveau bastion blanc est pris par la race noir. L'un des derniers. L'un des plus solides. Le club des Raiders écrit l'histoire.

 

Pour ne pas conclure

Même s’il est évident que la chute des Raiders doit beaucoup à l’abandon de leur esprit rebelle si particulier, beaucoup prétendent que la descente aux enfers est due principalement au comportement de Al Davis. Autant il a su faire preuve de génie lors du passé glorieux, autant il a déçu sur la fin par son obstination à vouloir s’occuper de tout. Son côté touche à tout a fini par excéder tout le monde. Il empêchait les entraîneurs d’entraîner, les joueurs de jouer, les dirigeants de … . Un comportement à la limite de la dictature. 

Mais nous, nous préférons rester sur le meilleur et continuer de rêver à l’époque mythique des fous argentés … et au diable la polémique sur le Président Al Davis puisqu’il fut le premier à avoir embauché un head coach noir.

Les fans les plus excentriques






























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire