12 mars 2011

Les années des Anges Bleus


C’est en octobre 1981que les Anges Bleus voient le jour sur la commune de Montreuil. A l’origine du club, de nombreux passionnés dont Stéphane Sardano et Olivier Passe, les fondateurs officiels. Rappelons qu’à l’époque, les clubs français se comptent sur les doigts d’une main . Celui qui domine n’est autre que le doyen des clubs : le Spartacus du fameux Laurent Plegelatte (l’homme qui a importé ce sport dans l’Hexagone).

Naissance dans la rivalité

Mais voilà, deux joueurs majeurs du Spartacus quittent le navire pour rejoindre les Anges Bleus. Ce sont les deux frères Perelli (Yves et Jean-Luc). Dés lors, une rivalité va naître entre les deux clubs qui ne cessera jamais. De toute façon, l’objectif avoué des Anges Bleus, dés la création de l’équipe, était de supplanter les Spartacus, se rappellent les témoins de l’époque.

Il ne faut pas attendre longtemps pour retrouver les deux clubs en finale. En 1983, ils s’affrontent pour le Casque d’Or et c’est le Spartacus qui l’emporte.

Cette défaite va jouer comme un accélérateur et le goût de la revanche va pousser Yves Perelli, devenu entraîneur des Anges, à hausser le niveau de ses ouailles. Il envoie tout son petit monde aux Etat-Unis pour un stage en Californie. Direction l’Université de San Diego (Aztecs). Inutile de dire que l’équipe revient de chez l’oncle Sam, armée jusqu’aux dents de techniques et tactiques encore jamais vues en France. 


Les moyens de son ambition

Mais le club ne s’arrête pas là et les dirigeants font part de leur ambitions à un mécène passionné de Foot US, Bertrand Lecuyer. Ce dernier est emballé et va leur donner les moyens de leur ambition en créant AMERFOOT INTERNATIONAL, une association sensée oeuvrer pour le développement du Football Américain en Europe. C’est le début de l’époque glorieuse pour les Anges Bleus. 

Un autre personnage déterminant va faire son entrée sur la scène et accélérer le processus de développement du club : c’est le futur Président de la FFFA, Jacques Accambray. Ce sportif possède, à l’époque, un statut d’athlète de haut niveau au lancer du poids. Plus intéressant, il a joué un an dans l’équipe Universitaire de Kent State au poste de Defensive-Tackle et a raté de peu une place de titulaire aux Alouettes de Montréal, lors d’un camp de sélection. 

Il faut bien avouer que c’est grâce à ses connaissances et sa qualité d’athlète de haut niveau que les Anges ont réussi à avoir des conditions d’entraînements quasi-idéales. Ils ont eu accès à toutes les installations de l’INS (L’institut Nationale du Sport) située à deux pas. Salle de musculation, stade couvert lorsqu’il pleuvait … des conditions presque professionnelles. Jacques partage le managérat de l’équipe avec Jean-Luc Perelli qui s’occupait de l’attaque.

Le grand bain

C’est le moment choisi par Bertrand Lecuyer pour lancer l'équipe dans le grand bain, en organisant des rencontres internationales. Au printemps 1984, le club prend une véritable dimension européenne. Il entre dans la cours des grands en ne s’inclinant que de 10 points face aux Crocodiles de Cologne, vice-champions d’Allemagne, lors d’un match qui se tient à Paris. Score final 8 à 19. 

Ils enchaînent d’excellentes prestations face aux meilleures équipes européennes. A Carcassonne, ils tiennent la dragée haute aux Rhinos de Milan, champions d’Italie : 7 à 20. Enfin, ce sont les champions des Pays-Bas, les Rams d’Amsterdam, qui doivent se contenter d’un match nul 0 à 0, de nouveau à Paris.

Autre fait marquant, la venue de Jacques Dussault, pendant 3 semaines. Là aussi, les Anges Bleus innovent. Songez ! Un coach professionnel qui vient spécialement du continent Nord-Américain dispenser son enseignement, en France. Jacques Dussault exerçait ses talents aux Alouettes de Montréal, une des meilleures équipe de CFL. Il reviendra, d’ailleurs, quatre ans plus tard, en tant que Head Coach aux Anges Bleus mais dans un autre contexte.

Les effets sur le niveau de jeu sont immédiats et les Anges peuvent savourer leur revanche en juin 1984, face à leur rival Spartacus, en rempotant la finale du Casque d’Or.

Dans la lancée, ils vont se frotter aux équipes finlandaises (Les Rocks de Tempere et les Colts d’Helsinki), dans un tournoi organisé à Helsinki. Rappelons, qu’à cette époque, la Finlande était une des meilleure nation européenne en Football Américain.

La guerre des fédérations

L’année 1985 sera celle de tous les rêves même si elle commence mal au niveau national. En effet, l’aventure des Anges Bleus est mal perçue par les autres équipes françaises. Soyons clairs, cette « succes story » faisait des jaloux. 

La Fédération de l’époque et, n’ayons pas peur de le dire, son Président Laurent Plegelatte ( ! tiens un Spartacus), brandit un règlement de derrière les fagots qui rend l’union d’AMERFOOT-Anges Bleus : « non conforme » (sic). Le club est radié pour la saison.

Qu’à cela ne tienne ! Bertrand Lecuyer ne se laisse pas intimider et trouve la parade. Puisque la Fédération n’a pas de légitimité officielle (elle n’était pas encore reconnue par le Ministère de la Jeunesse et des Sports), il transforme son association AMERFOOT INTERNATIONAL en Fédération. C’est dans ce cadre qu’il va faire jouer l’équipe en organisant une tournée européenne contre les meilleures équipes du moment.

Défis à l'Europe entière ...

Nos frenchies vont briller dans des stades souvent pleins et s’en orgueillir des belles victoires face aux Bengals de Düsseldorf, aux Giants de Dortmund et aux Black-hawks de Londres. L’équipe touche à l’excellence et on n’est pas loin du professionnalisme. D’autant que l’équipe a fait venir deux joueurs-entraîneurs américains, Paul Troth et Bob Bopp. Notons que les gabarits des joueurs sélectionnés sont plus qu’impressionnants pour un équipe française et rare sont ceux qui font moins de 1M80. 

... et aux maîtres du monde

Luxe suprême, les Anges Bleus se permettent de lancer des défis aux maîtres de la spécialité : les Américains. Rendez-vous est donné aux meilleurs joueurs universitaires du Missouri, les Hearts of America qu’ils affrontent le 29 juin 1985. Les Américains gagnent 29 à 12, mais avouent ne pas s’être attendus à une telle rencontre.

Arrive l’exploit, le rêve impossible, encore jamais égalé en France : battre une formation US. C’est ce qui est réalisé à l’occasion de « L’indépendance Day » devant 40 000 spectateurs, face à l’équipe de la VIe flotte américaine.

L’équipe finit sa saison à Cannes pour le tournoi de la Riviera, où en l’espace de dix jours, ils rencontreront par trois fois l’équipe du PLU (Pacific Lutherau University), championne de deuxième division universitaire. Malgré trois défaites, l’opposition des Anges force l’admiration des joueurs américains.

La fin d'un rêve

Mais le tonnerre gronde du côté du Ministère des Sports. Le Ministre Alain Calmat retrouve sur son bureau deux demandes d’agréments des deux fédérations rivales. Il convoque illico les deux responsables est tranche la poire en deux : il n’y aura pas d’agrément à l’une ou à l’autre sans une unification. C’est un revers pour Bertrand Lecuyer qui doit céder. C’est d’ailleurs à un proche de Laurent Plegelatte, Michel Gofman, qui revient la présidence de la nouvelle entité. Lecuyer se contentant de la place de vice-président pour son poulain : Jacques Accambray. 

Ironie du sort, Michel Gofman démissionnera sous la pression des joueurs du Spartacus après le "sitting" de ces derniers, lors de la finale de 1985.

Bertrand Lecuyer tire sa révérence et le club de Montreuil rompt avec AMERFOOT. Du même coup, il est réintégré dans le championnat 1986. C’est à cette époque que les Anges Bleus changent de ville et deviennent sociétaires de la municipalité de Joinville-le-Pont. Les Anges entrent dans une nouvelle aire … qui, autre ironie du sort, les conduira à fusionner avec leurs rivaux Spartacus pour formé le Team Paris, en 1994.

La morale de cette histoire

Que faut-il retenir de cette aventure ? Sûrement que les grands mécènes qui débarquent dans ce sport (il y en aura un autre, en la personne de Bernard Bonnet avec son Argonautes-Team Saphir) ne font pas de vieux os. 

Un bien ou un mal ? 

Difficile à dire car c’est deux visions du sport qui sont en jeu. D’un côté l’idée d’un sport spectacle avec du show, du pognon mais un bon niveau de jeu et de l’autre un sport amateur « aimé pour le simple plaisir de le pratiquer » comme le proclame si bien Laurent Plegelatte. A chacun de se faire son idée. 

Reste que ces Anges ont porté loin les couleurs de notre pays comme nul autre club. A jamais des Anges, gardiens d'une certaine idée de ce sport.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire