4 janvier 2022

Les formations d'attaque

Formations à la course

Les historiens se rappelleront l’époque où la majorité des équipes assignaient trois coureurs au backfield offensif. Dans le cas du «Single Wing» ou du «Notre-Dame Box», par exemple, les runnings-backs se regroupaient derrière la ligne d’attaque et chacun pouvait courir avec le ballon.

Au cours des années 40, la formation en «T» fit son apparition. Elle utilisait trois RB’s plus un quarterback, chargé de distribuer le ballon. Par la suite, l’évolution la plus marquante fut le déplacement latéral d’un des coureurs vers le flanc (en anglais, «motion») afin de mieux le positionner lors des jeux de passe. Plus tard, ce «flanker» fut aligné sur l’aile de façon permanente et seuls deux RB’s demeurèrent dans le champ arrière.

Pendant plus de trente ans, le «two-back set» (formation à deux RB’s) fut la formation de base la plus utilisée. 

Autrefois, un deuxième coureur était une nécessité. Le jeu de course issu de la formation en «T» reposait sur un jeu en force dit «Power off-tackle» avec un fullback auquel se greffait un «Crossbuck» (feinte au fullback qui court dans une direction, remise au halfback qui galope dans la direction opposée, ndlr). Ces schémas simples, dans lesquels les coureurs se croisent tandis que le QB camoufle le ballon au maximum, fonctionnaient bien à l’époque où les qualités premières des défenseurs étaient leurs gros bras et leur nigauderie.

 - Formation double Tight End -
 taillée pour la course

Formation en "T" 

Formation en "i"

Formation Wishbone

Formation Décalée 

Les défenses s’ajustent

Mais les temps ont changé et les défenseurs sont devenus plus astucieux. Ils ignorent désormais les feintes du QB et se concentrent sur les bloqueurs qui leur font face, la logique voulant que là où les bloqueurs se dirigent, le coureur ne tardera pas à arriver.

La défense avait pour habitude de lire les RB’s. Avant quand le fullback attaquait un trou, un défenseur avait la responsabilité de le cueillir qu’il soit ou non porteur du ballon. Mais aujourd’hui, les défenseurs ne perdent plus de temps avec des joueurs qui n’ont pas le ballon.

Un coureur en lead blocker

A partir du moment où les jeux croisés et les feintes perdirent de leur efficacité, les entraîneurs se réajustèrent. Du coup, le deuxième coureur devint un bloqueur supplémentaire, un «lead blocker» ou «lead man». Le lead blocker connut son heure de gloire avec l’avènement de la formation en «I» avec deux coureurs alignés l’un derrière l’autre dans le même axe que le QB. Ainsi, le coureur-bloqueur positionné devant le coureur-porteur, mène son coéquipier vers une brèche prédéterminée.

Mais la formation en «I» va vite perdre de son intérêt du fait de son propre fonctionnement qui exige que l’un des RB’s se limite au rôle de bloqueur. En transformant un de tes «backs» en bloqueur, tu te prives de l’une de tes armes, de l’un de tes «big players». En clair, c’est un peu comme si en début de partie, un joueur d’échecs laissait son cavalier sur la touche.

Formations courses & passes

Certains coachs décidèrent donc de remplacer le lead man par un troisième receveur. Avec lui sur le terrain, il y a sept bloqueurs (un tight-end, cinq linemen et le lead-blocker) qui se frottent à sept linemen défensifs et linebackers. Sans lui, ils ne sont plus que six contre six. Ces deux joueurs de moins signifient une réduction de 14% de la masse musculaire en périphérie de la ligne de scrimmage. Les brèches sont donc plus importantes et les yards plus nombreux.

En remplaçant leur lead man, les équipes récupèrent un receveur véloce capable d’additionner les yards et les points en deux temps trois mouvements. Ainsi, aussi bien leurs jeux de course que leurs jeux de passe sont florissants. L’utilisation d’un second tight-end est beaucoup plus avantageuse que d’avoir recours à un lead blocker car « cela te permet d’utiliser plusieurs formations différentes et de changer constamment le look de ton offensive » précise un coach. « Ce n’est pas le nombre de jeux qui compte, c’est le nombre de formations différentes et la quantité de feintes que tu peux présenter aux défenseurs qui cherchent à reconnaître et à décrypter tes jeux ». On entrait dans l’air de la formation ACE qui équilibre le sol et l'air.

Formation OPEN-SET


Formation à la passe

La version la plus traditionnelle du « ACE » utilise deux tihgt-ends et deux receveurs. Une seconde, plus osée, déploie un tight-ent et trois wide receivers, réduisant du coup à six contre six le nombre de bloqueurs face aux défenseurs.
Le run-and-shoot, quant à lui se sert de quatre receveurs sans aucun tight-end. Cela réduit à cinq contre cinq le nombre de joueurs en opposition sur la ligne de scrimmage. En comparaison avec les formations classiques qui opposent sept bloqueurs à sept défenseurs, la masse musculaire est réduite de 29%.
Le run-and-shoot donne aux RB’s beaucoup plus d’espace pour courir que les formations classiques. Non seulement le run-and-shoot ouvre des brèches dites horizontales pour le coureur, mais il crée aussi des ouvertures verticales pour les receveurs.
Face à une attaque traditionnelle par exemple, une défense peut utiliser jusqu’à 5 joueurs de façon mixte (contre la course et contre la passe). Dans le cas de la formation en «I» (l’exemple le plus extrême) les deux RB’s sont alignés derrière le QB. Du coup, ni l’un ni l’autre ne peuvent sortir assez rapidement du back-field pour prendre de vitesse un défenseur sur un jeu de passe. Quant au tight-end, il sert plus souvent de sixième lineman et son manque de vitesse n’est pas, en général, une menace prépondérante. La formation en «I» n’a donc que deux receveurs habilités à frapper promptement la défense.
Les risques de passe étant considérablement réduits, la défense peut alors rapprocher un safety de la ligne de mêlée, augmentant à huit le nombre de défenseurs prêts à intervenir en cas de course. Dans le cas où le jeu serait une passe, le safety en question et les quatre linebackers ont amplement le temps de reculer pour aider les trois autres défenseurs chargés de contrer la passe. En clair, c’est le meilleur des deux mondes pour la défense. Elle peut alors déployer huit joueurs capables de contrer à la fois la course et la passe.

Formation ACE

On divise le terrain en 3 zones

- La zone de danger (ZD) : Dans cette zone, l'équipe évite les jeux à risque. L'objectif est d'éviter de perdre le ballon et mettre l'adversaire en position hyperfavorable. L'équipe exécute des petits jeux simples et échanges de balle réduite. L'équipe aura parfois recours, en cas de difficulté majeure, au punt surprise, dés le 3e down.
- La zone intermédiare (ZI) : La préoccupation devra rester la réalisation de 1er downs plus que la recherche de long gains.
- La zone de menace (ZM) ou RedZone, sous entendu pour l'équipe adverse : L'objectif est de tenter des grands coups pour marquer. L'équipe doit prendre des risques et réaliser des jeux plus complexes avec "bombes", "jeux à feinte", "doubles reverses", ... .
Le run-and-shoot

Le run-and-shoot qui, sur chaque action déploie quatre receveurs potentiels en terrain adverse, soustrait à la défense cet avantage numérique. Celle-ci peut, soit disposer de 6 joueurs contre la passe (trois contre deux de chaque côté), ce qui ne laisse que 5 joueurs pour stopper la course ; soit charger 6 défenseurs de surveiller la course au risque de se retrouver avec deux des receveurs couverts en man-to-man.

La défense, qui ne peut donc plus utiliser ses joueurs de façon aussi polyvalente puisque les quatre receveurs du run-and-shoot exploitent toute la largeur du terrain, doit alors faire un choix : mettre l’emphase contre la course ou contre la passe, et surtout, en assumer les conséquences.

Bien exécuté, le run-and-shoot est pratiquement impossible à contrer car les receveurs et le QB réagissent en fonction du jeu et des mouvements défensifs. Aucun tracé des receveurs n’est prédéterminé. Ces derniers s’ajustent en fonction de ce que leur donne la défense. Ainsi, l’attaque garde toujours une longueur d’avance sur elle.
Les divergences au sujet du run-and-shoot trouvent leurs origines dans l’éternel combat de l’homme : le corps contre l’esprit. Un football qui délaisse les combats de mastodontes au profit de la vitesse cérébrale. Même si la majorité des coaches apprécient les jeux savamment élaborés, ils préfèrent de loin le rentre-dedans. 

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