Tout commence le dernier jeudi de novembre, jour officiel de la célébration, se poursuit avec le “Black Friday”, l’une des journées de shopping les plus chargées de l’année, et se termine par un week-end de digestion devant encore quelques matchs de College Football et de NFL.
En universitaire, le long week-end de Thanksgiving est celui qui clôt la saison régulière pour la plupart des équipes et qui, pour les conférences concernées, détermine les finalistes des Championship Games. Mais le dernier week-end de novembre est surtout celui qui voit se dérouler les grandes rivalités du College Football : Ohio State - Michigan, Alabama - Auburn, Florida - Florida State, Oklahoma - Oklahoma State, West Virginia - Pittsburgh, Virginia - Virginia Tech, Indiana - Purdue, Kansas - Missouri, BYU - Utah, North Carolina - Duke, South Carolina - Clemson, Georgia - Georgia Tech, Notre Dame - USC, Texas - Texas M...
Pour beaucoup de fans une victoire sur le rival représente bien plus qu’un objectif, c’est une nécessité. Elle sauve d’une saison moyenne ou parachève le succès d’une brillante campagne. La cerise sur le gâteau ? Vaincre le rival haï en ruinant par la même occasion sa saison. Quoi de plus jouissif pour un fan, en effet, que de voir son équipe annihiler les espoirs de titre de conférence ou de titre national de son grand rival ?
Austin, Texas, 25 novembre 2010. Les Texas Longhorns reçoivent les Texas A de là. Ce sera la 117ème rencontre entre les deux universités sur un terrain de football. Texas mène 75 à 36 pour 5 matchs nuls dans une opposition qui remonte à 1894. Depuis l’arrivée de Mack Brown à la tête des Longhorns en 1998, Texas a remporté neuf des douze confrontations mais les deux dernières victoires des Aggies ne remontent qu’à 2006 et 2007, immédiatement après l’ère Vince Young a lors que Colt McCoy n’était encore qu’un quarterback en devenir. Ces deux victoires sur “l’ennemi” n’avait pas empêché Dennis Franchione d’être remercié par Texas A&M et, après un court interim, c’est Mike Sherman qui a pris la direction des opérations à la tête des Aggies. Sans grand succès jusqu’à présent face à Texas mais, chose impensable en fin de saison dernière alors que Texas disputait le BCS Championship Game et que Texas AM essayait vainement de retrouver un minimum de vraisemblance défensive pour espérer se construire un avenir un peu plus radieux, les Aggies se retrouvent en 2010 en position extrêmement favorable pour s’imposer chez leurs voisins texans.
TAMU a encore certainement un peu de chemin à parcourir avant de retrouver le haut du pavé en College Football mais UT vient d’atteindre des abysses insoupçonnées sous l’ère Mack Brown : en douze saisons passées à Austin Mack Brown n’avait jamais gagné moins de neuf matchs par saison et avait atteint la barre des dix unités ces neuf dernières années. En 2010 ? Cinq victoires seulement et le risque inimaginable de ne pas qualifier Texas pour un bowl de fin de saison, ce qui constituerait une première depuis 1996. On imagine aisément la motivation des Aggies d’envoyer, dès la fin de la rencontre, les Longhorns en vacances...
De son coté, Texas AM peut encore espérer atteindre le Big 12 Championship Game : une victoire sur Texas combinée à une défaite d’Oklahoma State face à son rival Oklahoma mettraient les trois équipes à égalité en tête de la division South. Le classement BCS déciderait alors laquelle des trois se verrait invitée à la finale de conférence. Une victoire d’AM serait la neuvième de sa saison et permettrait encore d’atteindre la barre fatidique de dix jamais plus franchie depuis 1998. La motivation est donc double pour les Aggies, comme elle l’est pour les Longhorns qui ont besoin d’une victoire pour être mathématiquement qualifiés pour un bowl. Mais des deux aspects, lequel pèse le plus dans le coeur des fans ? Pour Christy, née à Houston, diplômée de Texas et membre de la puissante association des anciens élèves, peu importent les conséquences, seule compte la victoire sur le grand rival. Toute sa famille est allée à Texas, toute à part son grand père qui a préféré le voisin de AM, au point même d'en être l'un des Yell-leaders.
"Chaque famille a son coté sombre" plaisante Bubba, lui aussi diplômé de UT, né et grandi à Austin. Comme eux, Malcolm prendrait une victoire sur AM contre n'importe quoi d'autre. N'importe quoi sauf peut-être une chance de jouer une finale nationale. Même son de cloche pour Lydia, enseignante en Management du Sport à Texas AM et diplômée avant cela de cette même université. L'essentiel est de battre Texas, quelqu'en soit les conséquences. L'ancienne étudiante qui aide aujourd'hui au management de l'équipement durant les matchs des Aggies souligne l'intense rivalité entre les deux équipes. Elle exècre l'orange brûlé, couleur phare de l'université de Texas et se félicite de chaque défaite des Longhorns. Elle aussi concède que seule une qualification pour un BCS Championship Game pourrait peut-être effacer une défaite face à Texas. Les Aggies n’ont plus goûté à un itre national depuis 1939... C'est surtout une rivalité passionnée qui s'estompe lorsque sont franchies les frontières de l'état. Texans avant tout, même si comme le dit Lydia les deux universités aiment se détester.
Alors que le stade se remplit d’orange brûlé et de marron il est impossible de ne pas penser un instant à cette rencontre du 26 novembre 1999 à College Station. Dans les jours précédents la grande confrontation, alors que les fans de Texas AM construisaient leur traditionnel feu de joie, la structure s’écroula faisant douze morts parmi les étudiants. Une veillée funèbre fut organisée où les milliers d’étudiants réunis entonèrent "Amazing Grace" en hommage à leurs camarades disparus. A la mi-temps de la rencontre, la fanfare des Aggies défila sur la pelouse dans un silence de cathédrale sans laisser échapper le moindre son.
Celle de Texas se présenta au public portant côte à côte les drapeaux des deux universités et reprit l’air de Amazing Grace. Peut-être jamais dans l’histoire de la rivalité les deux camps ne fraternisèrent plus qu’en cet instant. Les supporters présents s’en souviennent encore, reconnaissant volontiers que ce jour-là la rivalité n'avait plus guère d'importance face au drame humain. Texans avant tout, encore une fois. La fille de Christy connaissait des étudiants qui bâtissaient ce feu de joie et Christy a donc suivi les événements de prêt bien que n'étant pas sur place. Elle l'affirme sans détour : elle n'a volontairement jamais mis les pieds à College Station et n’en a aucune intenton. C’est à ce niveau que se vit la rivalité texane.
Mais en ce jour pluvieux de fin novembre, le passé ne compte guère. Seule importe la victoire, si importante pour chacune des deux équipes : victoire de la peur pour Texas, de l’espoir pour Texas AM. Le match est prévu à 19h. Vers 15h45 un pick-up arrive au stade, tirant une remorque. "Silver Spurs" est écrit de part et d'autre du véhicule et sur le flanc droit de la remorque. Sur le flanc gauche : "Bevo". C'est la mascotte de l'université qui arrive dans sa remorque de luxe, nourriture et air conditionné fournis pour le bien-être du bovin pendant le transport. Le ranch qui héberge la vache aux longues cornes est situé à une grosse demi-heure de route. Il faut donc à Bevo XIV un maximum de confort pour le voyage. La vache est la propriété de John T. Baker, déjà propriétaire de Bevo XIII. La mascotte actuelle est en poste depuis six ans et son âge de jeune bovin (huit ans) lui laisse encore quelques belles années à ruminer au bord du Joe Jamail Field.
Austin, Texas, 25 novembre 2010. Les Texas Longhorns reçoivent les Texas A de là. Ce sera la 117ème rencontre entre les deux universités sur un terrain de football. Texas mène 75 à 36 pour 5 matchs nuls dans une opposition qui remonte à 1894. Depuis l’arrivée de Mack Brown à la tête des Longhorns en 1998, Texas a remporté neuf des douze confrontations mais les deux dernières victoires des Aggies ne remontent qu’à 2006 et 2007, immédiatement après l’ère Vince Young a lors que Colt McCoy n’était encore qu’un quarterback en devenir. Ces deux victoires sur “l’ennemi” n’avait pas empêché Dennis Franchione d’être remercié par Texas A&M et, après un court interim, c’est Mike Sherman qui a pris la direction des opérations à la tête des Aggies. Sans grand succès jusqu’à présent face à Texas mais, chose impensable en fin de saison dernière alors que Texas disputait le BCS Championship Game et que Texas AM essayait vainement de retrouver un minimum de vraisemblance défensive pour espérer se construire un avenir un peu plus radieux, les Aggies se retrouvent en 2010 en position extrêmement favorable pour s’imposer chez leurs voisins texans.
TAMU a encore certainement un peu de chemin à parcourir avant de retrouver le haut du pavé en College Football mais UT vient d’atteindre des abysses insoupçonnées sous l’ère Mack Brown : en douze saisons passées à Austin Mack Brown n’avait jamais gagné moins de neuf matchs par saison et avait atteint la barre des dix unités ces neuf dernières années. En 2010 ? Cinq victoires seulement et le risque inimaginable de ne pas qualifier Texas pour un bowl de fin de saison, ce qui constituerait une première depuis 1996. On imagine aisément la motivation des Aggies d’envoyer, dès la fin de la rencontre, les Longhorns en vacances...
De son coté, Texas AM peut encore espérer atteindre le Big 12 Championship Game : une victoire sur Texas combinée à une défaite d’Oklahoma State face à son rival Oklahoma mettraient les trois équipes à égalité en tête de la division South. Le classement BCS déciderait alors laquelle des trois se verrait invitée à la finale de conférence. Une victoire d’AM serait la neuvième de sa saison et permettrait encore d’atteindre la barre fatidique de dix jamais plus franchie depuis 1998. La motivation est donc double pour les Aggies, comme elle l’est pour les Longhorns qui ont besoin d’une victoire pour être mathématiquement qualifiés pour un bowl. Mais des deux aspects, lequel pèse le plus dans le coeur des fans ? Pour Christy, née à Houston, diplômée de Texas et membre de la puissante association des anciens élèves, peu importent les conséquences, seule compte la victoire sur le grand rival. Toute sa famille est allée à Texas, toute à part son grand père qui a préféré le voisin de AM, au point même d'en être l'un des Yell-leaders.
"Chaque famille a son coté sombre" plaisante Bubba, lui aussi diplômé de UT, né et grandi à Austin. Comme eux, Malcolm prendrait une victoire sur AM contre n'importe quoi d'autre. N'importe quoi sauf peut-être une chance de jouer une finale nationale. Même son de cloche pour Lydia, enseignante en Management du Sport à Texas AM et diplômée avant cela de cette même université. L'essentiel est de battre Texas, quelqu'en soit les conséquences. L'ancienne étudiante qui aide aujourd'hui au management de l'équipement durant les matchs des Aggies souligne l'intense rivalité entre les deux équipes. Elle exècre l'orange brûlé, couleur phare de l'université de Texas et se félicite de chaque défaite des Longhorns. Elle aussi concède que seule une qualification pour un BCS Championship Game pourrait peut-être effacer une défaite face à Texas. Les Aggies n’ont plus goûté à un itre national depuis 1939... C'est surtout une rivalité passionnée qui s'estompe lorsque sont franchies les frontières de l'état. Texans avant tout, même si comme le dit Lydia les deux universités aiment se détester.
Alors que le stade se remplit d’orange brûlé et de marron il est impossible de ne pas penser un instant à cette rencontre du 26 novembre 1999 à College Station. Dans les jours précédents la grande confrontation, alors que les fans de Texas AM construisaient leur traditionnel feu de joie, la structure s’écroula faisant douze morts parmi les étudiants. Une veillée funèbre fut organisée où les milliers d’étudiants réunis entonèrent "Amazing Grace" en hommage à leurs camarades disparus. A la mi-temps de la rencontre, la fanfare des Aggies défila sur la pelouse dans un silence de cathédrale sans laisser échapper le moindre son.
Celle de Texas se présenta au public portant côte à côte les drapeaux des deux universités et reprit l’air de Amazing Grace. Peut-être jamais dans l’histoire de la rivalité les deux camps ne fraternisèrent plus qu’en cet instant. Les supporters présents s’en souviennent encore, reconnaissant volontiers que ce jour-là la rivalité n'avait plus guère d'importance face au drame humain. Texans avant tout, encore une fois. La fille de Christy connaissait des étudiants qui bâtissaient ce feu de joie et Christy a donc suivi les événements de prêt bien que n'étant pas sur place. Elle l'affirme sans détour : elle n'a volontairement jamais mis les pieds à College Station et n’en a aucune intenton. C’est à ce niveau que se vit la rivalité texane.
Mais en ce jour pluvieux de fin novembre, le passé ne compte guère. Seule importe la victoire, si importante pour chacune des deux équipes : victoire de la peur pour Texas, de l’espoir pour Texas AM. Le match est prévu à 19h. Vers 15h45 un pick-up arrive au stade, tirant une remorque. "Silver Spurs" est écrit de part et d'autre du véhicule et sur le flanc droit de la remorque. Sur le flanc gauche : "Bevo". C'est la mascotte de l'université qui arrive dans sa remorque de luxe, nourriture et air conditionné fournis pour le bien-être du bovin pendant le transport. Le ranch qui héberge la vache aux longues cornes est situé à une grosse demi-heure de route. Il faut donc à Bevo XIV un maximum de confort pour le voyage. La vache est la propriété de John T. Baker, déjà propriétaire de Bevo XIII. La mascotte actuelle est en poste depuis six ans et son âge de jeune bovin (huit ans) lui laisse encore quelques belles années à ruminer au bord du Joe Jamail Field.
La confrérie des Silver Spurs compte 120 membres, tous étudiants sélectionnés sur le carreau avec candidature validée par l'université et sélection par les membres déjà actifs. Parmi les 120 membres, quatre sont élus et chargés de veiller sur Bevo, notamment lors des nombreux événements auxquels participe la mascotte. Vers 14h30, deux heures et demi avant le match, le bovin est accessible aux fans pour des séances de photos. Avant l'arrivée des joueurs et coaches sur le terrain Bevo rejoint son petit carré à l'extrémité de la end-zone sud. De l'autre coté c'est le chien Reveille, mascotte des Aggies, qui regarde sagement défiler la fanfare des Aggies qui prend place dans les tribunes.
Alors que le stade continue de se remplir, les vingt joueurs seniors de Texas sont présentés un à un au public. C'est Senior Day, le dernier match à domicile pour tous les joueurs de dernière année universitaire, pour certains d'entre eux peut-être le dernier match de leur carrière tout court. Alors que la fanfare joue les dernières mesures des Fight Songs des Longhorns, les joueurs de Texas pénètrent sur la pelouse sous l'ovation du public pour aller prier ensemble de l'autre coté du terrain. Leurs adversaires du jour font également leur apparition, accueillis par une bronca toutefois assez réservée. Après le traditionnel toss entre capitaines et arbitres, la partie peut débuter...
Le match est un résumé de la saison catastrophique de Texas, incapable tout au long de la campagne 2010 de mettre en place un jeu de course performant et de générer des points sur les pertes de balles adverses, pourtant deux de leurs forces en 2009. Tout le contraire d’une équipe de Texas AM revigorée depuis son changement de quarterback. Tout juste à l’équilibre (3-3) sous la conduite de QB Jerrod Johnson les Aggies entament la rencontre sur une série de cinq victoires consécutives depuis que Mike Sherman a confié les rênes de l’attaque à QB Ryan Tannehill (#17). Et ce qui fait la faiblesse des Longhorns en 2009 s’avèrera une force pour Texas AM dans ce match.
Texas AM quittera donc le Darrell K. Royal Texas Memorial Stadium avec une neuvième victoire en poche. Ils n’iront pas au Big 12 Championship Game affronter Nebraska, l’honneur en reviendra à Oklahoma qui s’est imposé le sur-lendemain à Oklahoma State et bénéfiie d’un meilleur classement BCS. Mais dans une rivalité de cette ampleur, les fans se soucient peu des conséquences. Pour une année complète le Texas appartiendra un peu plus aux fans des Aggies qu’à ceux des Longhorns. Pour ces derniers la saison est à oublier au plus vite. Il n’y aura pas de bowl cette saison. Une invitation serait un pur miracle que Mack Brown, jamais absent de la post-saison ces vingt dernières années, laisse aux instances administratives le choix d’éventuellement accepter ou non. Et aux joueurs : “Je pense que ce serait à DeLoss Dodds [NDLR: Directeur Athlétique] et Bill Powers [NDLR: Président de l’Université] de décider. Si cela se produisait et qu’ils m’appelaient en me disant qu’on peut y aller si on veut je crois que je demanderais aux joueurs de voter. Je ne voudrais pas y aller si eux ne le veulent pas”.
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